1er jour du procès de Rodrigue Petitot : « aucun acte d’intimidation, j’étais venu demander un rendez-vous »
Au premier jour de son audience pour « violation de domicile » de la résidence du préfet, « violences et menaces », le président du RPPRAC a contesté toutes les charges retenues contre lui et a justifié ses actions par l’urgence du combat contre la vie chère.

« Je suis content d’être là aujourd’hui car ça fait deux mois que j’attends d’échanger avec vous »
À la barre, après les demandes de renvoi de la matinée, les conclusions de nullité et juste avant l’audition du député Jiovanny Wiliam, cité comme témoin sur la vie chère, Rodrigue Petitot prend la parole pour la première fois.
Le président du RPPRAC assure que la justice fait tout pour le condamner depuis le début.
Aujourd’hui, j’entends qu’on a vu des vidéos pour rechercher la vérité. Mais ces vidéos, moi-même, je ne les ai pas vues », soutient-il. « De fin novembre jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais varié sur mes dépositions. Et vous verrez que les vidéos attestent ce que je dis, c’est à dire la vérité
À ÉCOUTER Me Eddy Arneton, avocat de Rodrigue Petitot, interrogé dans la matinée sur les nullités de procédure
Le président du tribunal rappelle à Rodrigue Petitot ce qui lui est reproché : « violation de domicile, violences à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique, violences, menaces, actes d’intimidation à l’encontre du préfet, outrage, paroles, gestes et menaces ».
Il lui demande s’il reconnaît en être l’auteur. Rodrigue Petitot réfute tout en bloc.
On veut incarcérer le symbole de la vie chère. J’ai usé de la liberté de ne pas être d’accord . Comme j’ai dit que je n’étais pas d’accord sur le traitement infligé aux martiniquais, je suis devenu l’homme à abattre
Les faits et les vidéos examinés
Les faits proprement dits ne sont, finalement, abordés qu’en fin de journée, un peu avant 17h, après une suspension. Le tribunal visionne la vidéo préfectorale.
Le juge interroge Rodrigue Petitot : « Était-il le bienvenue ? ».
Réponse du président du RPPRAC : « Vu le combat de la vie chère, on n’était pas les bienvenus. On est allé en France, on n’était pas les bienvenus ».
À ÉCOUTER Me Alban-Kévin Auteville, avocat du préfet
Une nouvelle fois, Rodrigue Petitot justifie son entrée à la préfecture par l’ « urgence du contexte de la Martinique » et le contexte de la vie chère. « On nous demande à nous, après s’être mobilisés depuis 3 mois, de jouer au chat à la souris avec le ministre ».
Concernant l’échange houleux avec le préfet, il conteste toute agressivité ou intention d’agressivité. Ses mains étaient derrière son dos. L’expression de son visage était « un visage agacé », développe-t-il.
Les tensions avec le préfet et les policiers
Le président lui demande si le préfet avait envie de parler avec lui. « Je ne sais pas, je ne lis pas dans les pensées ». Mais, pour le président du RPPRAC, par rapport à sa fonction, il devait parler avec lui.
- « Monsieur Petitot vous n’êtes quand même pas le patron du préfet », rappelle le président du tribunal
- « Quand il vient ici, il doit respecter le peuple martiniquais. Il est venu pour pouvoir travailler pour le peule martiniquais. Je n’ai commis aucun acte d’intimidation. On est simplement venu demander un rendez-vous », répète le prévenu.
Le policier intervenu pour freiner l’avancée des membres du RPPRAC, puis au côté du préfet, a déclaré 8 jours d’interruption de travail. Le président montre une photo de son bras à l’audience.
Dans ses dépositions, il décrit Rodrigue comme « menaçant et violent »
Mon but n’était pas de le taper. Mon but était de progresser. Je n’ai pas eu de violence envers ce monsieur. Même quand l’occasion s’y est prêtée, je ne l’ai pas fait
Il soutient, en revanche, que l’homme ne s’est pas identifié comme policier et aurait, au contraire, agressé Glwadys et sa tante sur le chemin de la résidence.
Les débats reprennent ce mercredi. Plusieurs témoins cités par la défense pourraient être entendus, avant les plaidoiries des avocats des parties civiles, les réquisitions du procureur et les plaidoiries de la défense.
La décision devrait être rendue en fin de journée.
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Soutiens des députés LFI - NFP
Plus de 400 personnes étaient présentes, ce mardi devant le tribunal judiciaire de Fort-de-France.
Dans l'Hexagone, Mathilde Panot, la Présidente du groupe LFI - NFP à l’Assemblée nationale a également apporté son soutien au mouvement contre la Vie Chère, ainsi qu'une centaine de députés
🔴 Alors que s’ouvre le procès de Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, nous exigeons avec plus de 100 députés la fin de la criminalisation de l’immense mouvement populaire martiniquais contre la vie chère ainsi que la libération de tous les militants aujourd’hui emprisonnés.… pic.twitter.com/2xaZYKx71C
— Mathilde Panot (@MathildePanot) January 21, 2025