Intrusion à la résidence préfectorale : altercation musclée entre Rodrigue Petitot et Jean-Christophe Bouvier
Une virulente altercation a eu lieu hier soir (11 novembre) entre Rodrigue Petitot et Jean-Christophe Bouvier à la résidence préfectorale à Didier. Le premier s'est introduit dans l'enceinte du domicile du préfet pour tenter de rencontrer François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer.
C'est une scène qui marquera les esprits qui s'est déroulée hier soir à la résidence préfectorale. Un peu avant 21 heures, un groupe d'individus mené par Rodrigue Petitot, le président du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) et Gladys Roger, la trésorière de l'association, s'est introduit dans l'enceinte du domicile du préfet.
Les protestataires voulaient à tout prix rencontrer François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer, arrivé en Martinique quelques heures plus tôt.
Cette intrusion a conduit à un face à face tendu entre Rodrigue Petitot et Jean-Christophe Bouvier, le préfet de Martinique. Ce dernier indiqué qu'aucune demande officielle de rendez-vous n'avait été formulée par les dirigeants de l'association. Au même moment, le ministre recevait les élus de l'île après s'être entretenu à sa descente d'avion avec Serge Letchimy, le président du conseil exécutif de la CTM.
Le petit groupe a ensuite été repoussé par les policiers vers l'entrée de la résidence préfectorale. Un groupe d'environ 70 partisans les y attendaient. Ils ont occupé une portion de la route de Didier durant plusieurs heures au cours de la soirée. Un cordon de CRS a assuré la sécurité des élus et invités qui quittaient la résidence du préfet.
« Nous allons continuer nos actions »
Ce mardi matin, Rodrigue Petitot, a indiqué avoir formulé une demande officielle pour être reçu par François-Noël Buffet avant son départ de la Martinique
Nous avons refait une demande sur le site de la préfecture pour être reçu par le ministre. À côté de ça, nous allons toujours poursuivre les boycotts dans les centres commerciaux. Nous allons continuer nos actions. Les actions à venir les plus déterminantes, on se réserve de les dire comme à notre habitude. Si le ministre refuse de nous recevoir et ne nous voit pas, le peuple en tirera la conclusion, puisque si celui qui est payé par leurs impôts refuse de faire le travail pour lequel il a été élu, charge à lui de tirer les de conclusion. On n'est pas compliqué dans ce qu'on dit. On est en train d'imposer, parce qu'on n'est pas venu supplier, d'imposer ce qui est le droit. Ça veut dire nous sommes dans une France dite une et indivisible. Donc, il n'est pas normal que dans l'alimentation, on essaye de nous démontrer que nous ne sommes pas Français. Si aujourd'hui, ce monsieur veut venir ici et faire de façon à nous démontrer que nous ne sommes pas Français, qu'il le fasse, qu'il le dise franchement et nous prendrons nos responsabilités, comme je l'ai toujours dit
« Inacceptable, inimaginable, intolérable »
Ce lundi matin,la préfecture de Martinique a réagi officiellement à l'incident qui s'est déroulé hier soir.
Il indique qu'"aux environs de 20h45, quatre individus, emmenés par Rodrigue Petitot, ont forcé le cordon de sécurité qui protégeait le portail d'entrée de la résidence préfectorale, domicile du préfet".
Le préfet confirme s'être interposé pour refuser l'accès au président du RPPRAC qui voulait absolument s'entretenir avec le ministre des Outre-mer qui recevait les élus de l'île.
Il a insisté sur le fait qu'il était inacceptable de s'introduire ainsi par la violence, sans autorisation, dans un domicile privé. Il a rappelé que toute association ou syndicat pouvait, à l'occasion d'un déplacement officiel, solliciter une audience en contactant la préfecture. Il a souligné qu'aucune demande ne lui était parvenue et a demandé aux intrus de quitter immédiatement les lieux
"Ce comportement est inacceptable, inimaginable, intolérable", a conclu le représentant de l'Etat.
La possibilité d'une rencontre écartée, « au moins provisoirement », selon le Ministre
Interrogé ce mardi matin en préfecture, François-Noël Buffet, le ministre auprès du 1er Ministre chargé des Outre-Mer, est revenu sur l'intrusion d'hier à la résidence préfectorale de Didier.
Selon lui, « la situation et les comportements d'hier soir mettent fin à la possibilité » d'une rencontre avec le RPPRAC, « à tout le moins provisoirement ».
Je n'ai pas de difficulté pour être l'interlocuteur d'un certain nombre de personnes, quoiqu'il y ait des conditions à cela. La première, c'est que l'on se respecte les uns, les autres et qu'on ne commette pas, potentiellement des infractions pour forcer les décisions et, en la circonstance, pour forcer le passage
Le ministre a rappelé qu'aucune demande formalisée de rendez-vous n'avait été formalisée par le RPPRAC. Il dénonce cette intrusion dans une résidence privée avec « un climat de violence inacceptable qui augure mal des possibilités de pouvoir discuter ».