Manifestations d'"antifas" de Rennes à Paris après l'élection d'Emmanuel Macron
À peine le résultat de l'élection annoncée, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues.
Plusieurs centaines de manifestants, principalement des jeunes "antifascistes" et "anticapitalistes", ont protesté dimanche soir contre la réélection d'Emmanuel Macron dans quelques villes de France, marquées par des incidents à Rennes ainsi qu'à Paris, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Peu après l'annonce de la victoire du président sortant sur Marine Le Pen, ils étaient plusieurs centaines - 250 selon la préfecture - à se rassembler dans le centre de Rennes, malgré un important déploiement des forces de l'ordre.
Ils ont déployé une banderole proclamant "Ce qu'on n'aura pas par les urnes, on l'aura par la rue" avant de partir en cortège aux cris de "Macron nous fait la guerre et sa police aussi" ou "A bas l'Etat, les flics et les fachos".
Des manifestants ont mis le feu à plusieurs poubelles, obligeant les pompiers à intervenir à trois reprises, selon la préfecture qui avait interdit la manifestation. Les forces de l'ordre ont procédé à quelques tirs de gaz lacrymogènes aux abords du canal qui traverse Rennes.
"On veut manifester pour montrer que Le Pen on n'en veut pas du tout mais Macron on n'en veut pas non plus", a expliqué à l'AFP Nora, étudiante de 21 ans. "Il faut qu'on s'organise pour trouver un contre-pouvoir".
Thomas Lefeuvre, étudiant en histoire de 19 ans, a quand même voté Macron, "pour faire barrage à l’extrême droite".
"Ce second tour ne correspond pas à ce qu’on veut comme avenir pour la jeunesse", dit-il. "Les gens qui sont ici ce soir sont légitimement en colère et ont envie de l’exprimer. »
Sept manifestants ont été interpellés et l'un d'eux a été placé en garde à vue, selon un bilan de la préfecture en fin de soirée.
Dans le centre de Paris, 250 à 300 manifestants "antifas" ont manifesté aux cris notamment de "Macron dégage", se heurtant par moments à la police qui chargeait.
Partis des Halles, ils ont scandé "Marine Le Pen, c'est dégueulasse" et "Manu Macron, c'est dégueulasse", ou "Macron, dégage!", jusque sur la Place de la République, encadrés par un important dispositif policier.
Simon, Parisien de 23 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom, se disait "inquiet pour le climat": "on n'atteindra pas l'âge adulte!", a-t-il lancé de manière imagée. "Lisez le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). C'est pour ça que je suis là ce soir".
Sur le trajet, des vélos, scooters et poubelles ont été renversés et quelques projectiles jetés sur des camions des forces de l'ordre. La statue de la République a été taguée "Le monde brûle".
Dans le centre de Nantes, un cortège d'environ 400 à 500 personnes a défilé derrière une banderole proclamant "Besoin de révolution".
A Toulouse, quelque 500 personnes ont également participé à une manifestation dont le mot d'ordre était "Ni Macron ni Le Pen, révolution". "Assez, assez, de cette société, qui traque les sans-papiers et fout Zemmour à la télé", ont-elles chanté.
Jironi Piques avançait seul, drapeau occitan entre les mains: "On est partis pour cinq ans de libéralisme, avec une oligarchie parisienne qui a fait beaucoup de mal au pays", a affirmé à l'AFP cet employé territorial, partisan de Jean Lassalle, n'ayant pas voté au second tour.
A Caen, environ 200 personnes selon la préfecture, pour l’essentiel de la mouvance révolutionnaire et libertaire, ont manifesté pour contester le scrutin. Quelques poubelles ont été brûlées et un manifestant interpellé.
A Strasbourg, une centaine de personnes ont défilé sans incidents dans les rues presque désertes de la ville derrière une banderole où était écrit : « Travailleurs, chômeurs, jeunes, retraités, on mérite mieux que ça, avec ou sans papiers ».