Un nouveau ver envahisseur ? L’avis d’un expert
Un nouvel envahisseur menacerait il notre biodiversité ? C’est la question posée par la publication d’un article scientifique dans la revue en libre accès PeerJ. L’individu concerné est un ver, observé en Martinique et en Guadeloupe et étudié par les équipes du muséum d'histoire naturelle. Alors dans quelle mesure ce ver peut-il menacer l'écologie des sols antillais et la biodiversité locale ? Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris, évoque cette découverte.
L’Amaga expatria, jusque là connu comme étant « extrêmement rare » a été observé en Martinique et en Guadeloupe, selon cet article scientifique publié dans la revue en libre accès PeerJ (https://peerj.com/articles/10098/).
« C’est une surprise car c’est une espèce considérée comme extrêmement rare, vue à travers deux spécimens en 2005 aux Bermudes et là en quelques années de recherche, on en a trouvé plus d’une vingtaine de fois en Guadeloupe et en Martinique », explique Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris.
Or, ce ver plat, qui mesure 12 à 15 centimètres de long, 2 centimètres de large, est orange vif, formellement identifié par les chercheurs grâce à des observations citoyennes aux Antilles, n’a rien à faire dans nos îles, où il pourrait constituer une menace pour la biodiversité.
« Une catastrophe ? »
« Ce sont des prédateurs, ils mangent les animaux du sol, les vers de terre et les escargots », explique le chercheur. Est-ce si grave concernant les achatines, ces gros escargots reconnus comme espèce invasive et destructrice de cultures ?
« Ce n’est jamais une bonne idée de lutter contre une espèce envahissante par une autre espèce envahissante. En général ça va finir par une catastrophe », répond sans détour le chercheur. Concernant les sols, « on ne sait pas exactement quel est l’impact » .
Cependant, faute de pouvoir lutter efficacement pour l’instant contre ce ver envahisseur, le chercheur insiste sur l’importance des observations citoyennes. Pour que « chacun » puisse « prendre en photo » ce qu’il voit dans son jardin par exemple, et contribuer à une meilleure connaissance de son environnement.
« C’est toujours une bonne idée de donner des informations sur la biodiversité » de signaler ses observations, « non seulement ce qui est bizarre mais aussi ce qui est ordinaire », explique-t-il.
On risque de découvrir d’autres espèces invasives, ce ne sera pas une bonne nouvelle mais c’est important de savoir ce qui est présent », affirme Jean-Lou Justine.
Vous souhaitez signaler une observation près de chez vous ? Vous pouvez le faire sur le site https://inpn.mnhn.fr/informations/inpn-especes
Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris, était l’invité de Cécile Rémusat dans le Caraïbe 13 heures, le 9 novembre 2020 :
(Crédit Photo: Pierre & Claude Guezenne)