Chlordécone : des chercheurs nuancent une étude « optimiste » sur la décontamination des sols

Par 24/03/2023 - 13:12

Une étude publiée début 2022 avait conclu à une demi-vie de 5 ans concernant la persistance du pesticide dans les sols. Un groupe de scientifiques contrebalance un peu cette analyse.

    Chlordécone : des chercheurs nuancent une étude « optimiste » sur la décontamination des sols

C'est une publication qui fait du bruit dans la communauté scientifique du chlordécone. Une étude publiée début d'année 2022 (Comte et al Environ Poll.) a conclu à une demi-vie de 5 ans du pesticide dans les sols, laissant entrevoir une disparition dans moins d'un siècle. 
Ce qui signifie que la concentration de chlordécone serait divisée par 2 dans les sols tous les 5 ans, laissant entrevoir une concentration sous le seuil de détection à l’horizon 2050-2070. Si cette hypothèse était confirmée, cela signifierait un fin de contamination des sols agricoles beaucoup plus rapide qu’estimé jusqu’ici.
Mais, début février, un groupe de chercheurs issus de neuf organismes ((CEA, université d’Évry-université de Paris-Saclay, INRAE, IRD, BRGM, université de Strasbourg, université de Lorraine, CUFR de Mayotte) a mis à mal cette étude, la jugeant un peu trop optimiste. 

 

Des incohérences

Dans une publication co-signée, les scientifiques pointent des incohérences avec les relevés de terrain et incitent, au contraire, à la prudence. 
Selon eux, les données en quantité et en qualité seront insuffisantes, et le modèle de l’étude de 2022 n'a pas été confronté aux réalités des valeurs d'épandage de l'époque. D'autres aspects n’auraient pas été pris en compte dans la dégradation du chlordécone dans les sols.
C’est ce qu’explique Pierre-Loïc Saaidi, maître de conférence aux universités d'Evry – Paris-Saclay.

Pour nous, au vu des concentrations de chlordécone dans les sols retrouvées encore dernièrement et qui sont relativement importantes, les conclusions de cette étude ne nous paraissent pas compatibles avec une division du chlordécone par deux tous les 5 ans. C’est incompatible avec les analyses faites par les collègues qui suivent l’évolution de la contamination
 

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