Vie chère : les sénateurs de la délégation Outre-Mer s’intéressent aux frais d’approche
Quel impact a le coût du fret sur la vie chère ? Les aides sont-elles suffisantes ? La délégation aux Outre-mer s'est intéressée à ces sujets dans le cadre de sa mission d'information sur sa lutte contre la vie chère dans les territoires ultramarins.

Les sénateurs continuent de se pencher sur la question du coût de la vie dans les territoires ultramarins et plus singulièrement de l’impact du fret, lors des auditions menées ce mardi par la délégation aux Outre-mer.
Si les personnes entendues se sont pour beaucoup défendues d'un réel impact sur le coût de la vie, tant pour le fret maritime que pour les aides au fret par exemple, des pistes ont été présentées pour faire baisser les coûts et donc lutter contre la vie chère. Comme la mise en place de nouvelles zones franches globales, la régionalisation de l'approvisionnement...
Ce sont ces pistes qu'il faut explorer selon Louis Collomb, président du syndicat des transitaires de Guadeloupe.
Comme il l'a expliqué aux sénateurs, il ne faut pas envisager réduire le nombre d'intermédiaires.
Chaque intermédiaire est un métier. Est-ce qu'on peut supprimer des métiers dans la ligne du transport ? Je vous dis tout de suite que c'est non. Il faudra un fournisseur qui va fabriquer la marchandise, un transporteur qui viendra la chercher à l'usine, un opérateur qui va prendre les mesures pour pouvoir la charger sur un navire, un navire qui va transporter, un opérateur qui va décharger à l'arrivée, un autre opérateur qui va faire une déclaration en douane et qui va faire les formalités à l'arrivée, plus évidemment un transporteur qui va emmener la marchandise chez le client. Chacune de ces opérations, c'est un métier. On ne peut pas supprimer un intermédiaire au milieu d'une chaîne
Il réfute l'idée de concentration aux mains d'un petit nombre dans cette chaîne d'approvisionnement :
Certes, il y a de grands fantasmes sur la concentration de certains opérateurs pour ces intermédiaires, mais c'est très fantasmatique. Même certains gros, ils ont des centrales d'achat, certes, en France, ou des boîtes de transit en France, mais la plupart du temps, ici, ils travaillent avec des transitaires locaux
S'attaquer aux coûts du transport
Parmi les personnes entendues : Benoît Lombrière, délégué général adjoint chez Eurodom, association qui entend défendre les intérêts des Outre-mer à Bruxelles.
Ce dernier a estimé qu'en matière de vie chère, il fallait aborder toutes les facettes du coût de l'approvisionnement. Notamment celui des frais d'approche.
Le sujet est assez simple. Si on n'attaque pas le problème des coûts d'approche, des coûts de transport, on ne fera, à mon avis, rien de très efficace. Je me permets à cet égard de citer le préambule du protocole visant à lutter contre la vie chère qui était conclu en Martinique le 16 octobre 2024 et qui pointe très justement et "que 67% du différentiel des prix entre l'Hexagone et la Martinique sont imputés au frais d'approche". Les deux tiers du problème sont sous vos yeux. Il faut le voir, il faut l'affronter
Benoît Lombrière a souligné l'importance de l'export de bananes depuis les Antilles dans la modération des frais d'approche :
Je veux souligner à ce stade la contribution de la filière Banane des Antilles sur ce sujet, car en assurant une rentabilité aux frais de retour, c'est-à -dire dans le sens anti-hexagone, la filière banane permet une relative modération des coûts de fret. Sinon, les prix des conteneurs vides qui reviennent une fois avoir amené leurs marchandises à Fort-de-France ou à Pointe-à -Pitre, seraient répercutés dans le prix des biens qui sont livrés dans ces deux capitales
Des recommandations devraient être formulées en avril prochain.