Le transport aérien dans la Caraïbe vit un trou d’air

Par 19/01/2024 - 13:56 • Mis à jour le 19/01/2024 - 22:38

La liquidation d’Air Antilles et l’arrêt de l’activité de la LIAT à la fin du mois mettent cruellement en lumière l’enclavement des États caribéens concernant les dessertes inter-îles. Caroline Romney, fondatrice et dirigeante d'Aiguillage, apporte son éclairage.

    Le transport aérien dans la Caraïbe vit un trou d’air
Les liaisons entre la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin sont pour l’heure uniquement assurées par Air Caraïbes. Photo Rodolphe Lamy

Le transport aérien dans la Caraïbe traverse une phase difficile. Après plusieurs tentatives de sauvetage ces dernières années, la LIAT cessera définitivement ses activités à la fin du mois.

En attendant la reprise effective de Air Antilles par la holding Cipim regroupant la Collectivité de Saint-Martin et Edeis, gestionnaire de l’aéroport de l’île, les liaisons entre la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin sont pour l’heure uniquement assurées par Air Caraïbes.

Caroline Romney est fondatrice et dirigeante d'Aiguillage, une entreprise de consulting qui accompagne les entreprises publiques et privées souhaitant investir dans le secteur du tourisme aux Antilles-Guyane et Caraïbe. Elle était l’invitée de « Parlons vrai » ce vendredi matin sur RCI Guadeloupe.

Pour elle, le transport aérien est une activité économique qui souffre de la réalité du bassin caribéen constitué de petits territoires insulaires aux législations et langues variées.

C’est très compliqué car ce sont des territoires qui sont enclavés, nous sommes dans une région qui l’est tout autant. Les relations d’affaires existent très peu entre nous, le tourisme également existe très peu en intra-caribéen 

L’activité s’exerce dans des pays aux économies fragiles dont la richesse intérieure reste faible, essentiellement basée sur le tourisme et donc tournés vers les apports du reste du monde.

Peu d'échanges entre voisins

Selon elle, ces îles ont, de surcroit, souvent plus d'échanges avec leur ancienne métropole qu'entre territoires voisins, malgré le travail fait par les organisations régionales.

Les îles anglophones, hispanophones sont aussi principalement tournées vers le Canada pour faire venir des touristes. Ce sont des marchés où nous, Francophones, sommes encore très mal positionnés. InterCaribbean Airways, par exemple, on ne la connaît pas alors qu’elle est extrêmement puissante et dynamique sur le réseau caribéen

Le transport aérien qui souffre aussi d'un niveau de vie de la population caribéenne faible et d’offres touristiques plus adaptées au marché de l'Amérique du Nord qu'au marché régional. Il existe peu de grands événements attractifs, mais aussi peu de relations d'affaires entre Etats caribéens.

Pour Caroline Romney, pour éviter les écueils à l'avenir, il faut tirer profit de l'échec de la LIAT ou d'expériences comme Caribsky, alliance de compagnies aériennes caribéennes impulsée par la compagnie Air Antilles.

Un défi que les organisations caribéennes devront, selon elle, relever en accompagnant le développement économique du bassin caribéen en adéquation avec son contexte économique, sociétal, mais aussi les grandes mutations environnementales qui se dessinent.

 

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