Découverte: un squelette amérindien datant du 13è siècle exhumé à Marie-Galante
Une équipe de scientifiques français a exhumé en janvier dernier le petit squelette d’un enfant caraïbe de 5 ans dont la tombe daterait du 13e siècle dans une grotte de Morne Pichery à Marie-Galante.
A Petite-Anse, à Marie-Galante, entre Grand-Bourg et Capesterre, dans un abri sous-roche situé face à la plage, c’est complètement par hasard, en juin 2018, qu’une équipe d’archéologues est tombée lors d’une opération de recherches de restes d’animaux disparus, sur un crâne humain. Ne disposant pas des moyens humains et techniques pour continuer la fouille, ils ont laissé le site tel quel puis sont revenus en janvier dernier, afin de mener les recherches. L’équipe de chercheurs français affiliés au Centre national de Recherches Scientifiques (CNRS), a ainsi mis au jour un squelette complet d’un enfant de cinq ans amérindien. Arnaud Lenoble, du laboratoire de préhistoire et d’archéologie de Bordeaux, indique qu’il pourrait s’agir d’une inhumation qui se serait déroulée entre le début du 13è et le 15e siècle. « Il a le crâne de forme allongée qui est clairement une pratique courante à l’époque d’appartenance aux Caraïbes ».
Impossible de connaître le sexe de l'enfant mais cette découverte pourrait être très utile à la connaissance accrue des pratiques funéraires caraïbes. Jusqu'à présent, les recherches sont allées dans le sens de pratiques liées au cannibalisme chez les Amérindiens puisque les fouilles mettaient à jour surtout des squelettes incomplets mais la découverte de ce squelette pourrait relancer les débats.
"Il pourrait s'agir de ré intervention sur des sépultures dans le cadre de culte des ancêtres et non pas de cannibalisme mais nous en sommes encore au tout début. Nous sommes rentrés il y a deux semaines seulement. Il faudra le temps des analyses et des études", indique Arnaud Lenoble.
Morne Pichery, un large complexe funéraire Caraïbe
En janvier dernier, les archéologues ont même invité des voisins de cette zone de fouilles archéologiques à accéder au site. L’un des chanceux à avoir pu accéder à cette grotte funéraire est José Viator, le responsable du restaurant-discothèque le Touloulou. Il a fait une photo pendant sa visite et l'a postée sur les réseaux sociaux (Photo d'illustration de cet article. Les autres photos ont été fournies par Arnaud Lenoble).
« J’étais stupéfait quand j’ai vu ça. C’est à 200 mètres de mon établissement et je n’étais jamais allé dans ces grottes. Une telle découverte est exceptionnelle. Ce qui est formidable pour nous c’est de savoir qu’il y a des grottes face à nous et qu’on n’y avait pas accès, on n’avait pas la connaissance », indique José Viator.
Toute la zone des falaises du Morne Pichery, face à Petite-Anse, est un large complexe funéraire car à partir du 12e siècle, les Caraïbes ont commencé à enterrer leurs morts dans des cavités et non plus dans les villages ou les carbets. Trois autres découvertes de restes humains ont été faites dans le secteur il y a quinze ans et en 2012 également. L’héritage amérindien de Marie-Galante est encore bien présent. Peut-être un jour, pourra-t-on ouvrir ces sites reconstitués à la population locale et aux visiteurs.