Une nouvelle force armée en Haïti
23 ans après sa dissolution, Haïti est en passe d’avoir à nouveau une force militaire. Durant une semaine, une grande campagne de recrutement a eu lieu. Mais ce n’est pas sans critique au sein même du pays.
C’est le ministère de la Défense d’Haiti qui pilote l’opération. Depuis lundi dernier et jusqu’à aujourd’hui, plusieurs centaines de jeunes haïtiens et haïtiennes se sont présentés à l’ancienne base militaire des casques bleus à Gressier, au sud de la capitale Port au Prince. Des candidats qui doivent répondre à divers critères afin d’être retenus. Ce sera le cas pour 500 d’entre eux, âgés entre 18 et 25 ans. Mais, selon plusieurs observateurs, la majeure partie sont surtout motivés par le fait de trouver un emploi. L’appât du gain, et non le patriotisme, le mode de recrutement crée la polémique dans le pays.
D’abord car il n’existe plus, à ce jour, d’Etat major, depuis la dissolution de la force armée d’haiti en 1996. C’est donc le ministère de la Défense qui a, seul, la main mise sur un processus qui manque de transparence selon l’opposition, la ligue des juristes haitien ou encore l’ancien directeur de la police nationale d’Haïti. Le collectif Defenseur Plus demande également au pouvoir exécutif de favoriser la mise en place d’un « consensus » avec le parlement et la société civile. Une manière d’éviter, selon lui, de reproduire les mêmes erreurs du passé et les multiples violations commises par certains soldats et officiers des anciennes Forces armées d’Haïti.
Pour le ministère de la Défense, cette opération vise avant tout à reconquérir la souveraineté nationale, à l’heure où les casques bleus des nations unis s’apprêtent à quitter le pays après 13 ans de présence. Pour calmer les débats autour de cette reformation de l’armée, le ministre de la Défense, Hervé Denis, devrait s’exprimer dans les prochains jours devant les parlementaires.