Haïti : au moins 150 morts en une semaine, Médecins sans frontières suspend ses actions
En Haïti, Médecins sans frontières suspend ses actions jusqu’à nouvel ordre. Une décision prise à la suite des violences entre les gangs et la police. Le chargé de mission de l’association, Christophe Garnier, réagit regrette la tournure que prenne les évènements.
Depuis la semaine dernière, Port-au-Prince fait face à une nouvelle flambée de violences provoquées par « Viv Ansanm », une alliance de gangs. Cette coalition a lancé ces dernières heures une attaque sanglante contre Pétion-Ville et d’autres quartiers de Port-au-Prince.
De son côté, la police haïtienne a répliqué en abattant 28 membres de gangs.
Conséquence de cette situation d’insécurité : l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé hier qu'elle suspendait ses activités dans la capitale d'Haïti.
Deux de ses patients ont été tués le 11 novembre dans ce pays en plein chaos, comme le confie le chef de mission de MSF en Haïti, Christophe Garnier.
La sécurité n'est pas assurée à 100%. Elle est globalement assurée de façon tacite par les différents organes du gouvernement avec qui nous avons de très bonnes relations. C'est un peu plus difficile au quotidien et c'est pour ça qu'il nous faut des garanties officielles de la part du gouvernement, pour que MSF continue à travailler en toute légalité et en respectant neutralité, impartialité dans toutes les zones dans lesquelles nous allons
Selon lui, les violences touchent principalement l'agglomération Port-au-Prince, et un peu le département de l'Artibonite. Mais le reste du pays est très accessible et vit « normalement ».
Il espère pourvoir reprendre les actions à Port-au-Prince, « dès que possible ».
Chaque jour de suspension est traumatisant pour notre équipe et traumatisant pour la population. Et pour nous, c'est un crève-cœur de prendre cette décision. Donc, le plus tôt sera le mieux. Dès que nous obtenons les garanties, on pensera sérieusement à une réouverture.
Situation sanitaire « catastrophique »
Il décrit une « situation sanitaire » assez catastrophique.
On parle de 30% des structures médicales qui fonctionnent, d'où l'importance de pouvoir continuer nos opérations partout. On a une reprise du choléra au niveau de Cité-Soleil, assez inquiétante, au niveau du département de l'Artibonite, assez inquiétante aussi, avec un manque d'offres de services, forcément dû à la situation. Mais c'est là où nous avons des cartes à jouer, c'est là où nous voulons continuer à pouvoir offrir à la population différents services. Par exemple, MSF, aujourd'hui, c'est le seul service de brûlés accessible. On fait aussi de la traumatologie, on fait du support psychosocial, on fait de la prise en charge de violences sexuelles. On prévoit d'ouvrir une maternité très rapidement, on fait des cliniques mobiles. On a vraiment une offre de services très, très large. C'est une grosse mission. C'est important de pouvoir lui permettre de continuer à vivre et pouvoir apporter du support à la population.
Les violences en Haïti ont fait au moins 150 morts en une semaine dans la capitale Port-au-Prince, s’alarme le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk. Il dénonce « la violence des gangs».
« Au moins 150 personnes ont été tuées, 92 blessées et quelque 2 000 ont dû fuir leur domicile pendant la semaine » du 11 novembre », souligne-t-il, dans un communiqué des Nations unies.