Haïti : le juge en charge du dossier PetroCaribe à Haïti a été révoqué
Lundi 16 janvier, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a rendu publique la liste des juges certifiés à Haïti. Sur 69 dossiers, 30 juges ont été épinglés par l’autorité judiciaire. Parmi ces 30 juges, la révocation de Ramoncite Accimé interpelle.
Abus d’autorité, facilitation d’élargissement de criminels notoires ou qualification académique insuffisante, les griefs contre les 30 juges épinglés sont nombreux.
Parmi ces 30 juges, la révocation de Ramoncite Accimé interpelle. Selon l’instance disciplinaire, le magistrat faisait preuve d’une « absence d’intégrité morale ». Il était en charge du dossier PetroCaribe, un scandale de corruption ayant déclenché les manifestations de 2019 en Haïti.
L’arroseur arrosé
Ironie de l’histoire, ce magistrat révoqué avait la charge du plus gros scandale de corruption du pays parce qu’il était corrompu.
PetroCaribe, c’est le nom d’une vaste affaire de corruption, parti d’un système d’achat de pétrole vénézuélien à bas coût. Dès 2018, des membres de la société civile haïtienne ont réclamé des comptes à leurs dirigeants. « Kot kob Petro Caribe A ? » Leur question était devenue le slogan de larges manifestations en 2019.
Depuis, l’instruction judiciaire patinait, et la disgrâce du juge Accimé ne surprend pas en Haïti. « Ce magistrat indexé pour ses comportements anti-idéologiques vit avec des moyens largement au-dessus de ses émoluments ! », accuse Le Réseau national de défense des droits humains dans les colonnes du Nouvelliste.
Ils demandent un nouveau magistrat
Même son de cloche chez « Nou Pap Domi », le mouvement de Petro Challengers à l’origine des mobilisations de 2019 :
Dès la nomination du juge Ramoncite Accimé, nous avions émis des réserves quant à la volonté réelle du gouvernement de réaliser le procès PetroCaribe.
Pour ces militants, la nomination d’Accimé était même un moyen « d’entraver le procès à tout prix en polluant le dossier de mauvaises procédures ».
Ces organisations réclament désormais la nomination d’un magistrat certifié, afin, disent-ils, qu’aucun autre magistrat n’utilise ce dossier à des fins personnelles et d’enrichissement illicite.