Les policiers mobilisés devant le commissariat de Fort-de-France pour faire entendre leur ras-le-bol

Par 25/11/2024 - 15:25 • Mis à jour le 26/11/2024 - 09:22

Une centaine de policiers étaient rassemblés devant le commissariat de Fort-de-France ce lundi matin (25 novembre) à l’appel du syndicat Alliance Police Nationale. Ils ont exprimé leur ras-le-bol face à la gestion de la crise sociale que traverse la Martinique.

    Les policiers mobilisés devant le commissariat de Fort-de-France pour faire entendre leur ras-le-bol

Action coup de poing du syndicat Alliance Police Nationale, ce lundi matin (25 novembre), devant le commissariat de Fort-de-France.

L’objectif de ce rassemblement, exprimer le ras-le-bol des agents face à la gestion de la crise sociale que traverse la Martinique depuis bientôt trois mois.

Violences et menaces

Près d’une centaine de policiers ont répondu à l’appel du syndicat, qui dénonce le manque de moyens depuis le début de la mobilisation contre la vie chère et les violences en marge du mouvement. Des violences parfois physiques, auxquelles s’ajoutent des menaces ou encore la divulgation d’informations personnelles (photos…).

Louisy Berté, secrétaire adjoint du syndicat Alliance Police Nationale, dénonce cette situation devenue insupportable pour les policiers.

Il y a un fonctionnaire de police qu’on a dû cacher parce qu’on a été toquer chez lui pour le menacer de mort. On l'a enlevé de la voie publique. On en a un deuxième qui est quasiment au bord du suicide. Et moi-même, je reçois des menaces de mort parce que j’ose dire les choses, j’ose me mettre devant la presse pour dire ce qui ne va pas dans ce pays.

Louisy Berté a, par ailleurs, pointé du doigt le manque de soutien de sa hiérarchie.

La hiérarchie policière n’a pas répondu présente pendant les événements. On a laissé ceux qui dirigent sur le terrain tout seuls. On a dû s’adapter et faire avec. On a eu des blessés. Et personne ne nous a défendus, que ce soit devant le parquet ou devant la presse pour dire qu’on n’a blessé, ni tapé personne. On a laissé les gens nous salir, on a laissé les gens penser qu’on est des tueurs, des criminels. On a sali notre blason. On va prendre des risques, être blessé et puis on n’a rien du tout.

« Sans raison des voyous tirent sur des policiers »

Un ancien policier de la brigade anticriminalité (Bac) à la retraite, Raymond Rémisse, a expliqué qu’à son époque, dans l’exercice de ses fonctions, il n’y avait pas autant de violence, ni de crainte.

La situation a vraiment changé. Il y a 10 ans de cela, ceux d’en face n’était pas armés comme maintenant. Et même les bandits jouaient le jeu lorsque nous les interpellions. Ils étaient dans un camp et nous dans l’autre. Maintenant, on voit une posture très différente. Sans raison, vous avez des voyous qui tirent sur des policiers à balles réelles. Pour réagir, les policiers sont démunis. Ils n’ont pas ce qu’il faut comme matériel. De ce fait, c’est certain, il y a un ras-le-bol de ces policiers. Et je trouve ça tout à fait normal que le syndicat aujourd’hui a pris la responsabilité de faire venir tous ces policiers et de leur faire part de la situation telle qu’elle est, de façon à ce qu’ils puissent envisager l’avenir. Moi, ce que je souhaite, c’est qu’on arrive à donner ce qu’il faut aux policiers pour qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions.

« Prendre en compte le niveau de violences »

Pierre-Marc Fergelot, Directeur Terrritorial de la Police Nationale, revient la situation actuelle et les moyens mis en place pour soutenir les policiers dans l’exercice de leurs fonctions

Les services de police, tous services confondus, sont confrontés à de nombreux tirs d'armes à feu, à des situations où la violence est engagée directement contre nous sans qu'il n'y ait aucun avertissement préalable. La hiérarchie, les chefs de services, les commissaires, les officiers nous prenons ça très au sérieux. Tout le monde est très présent, jour et nuit et fait un travail remarquable de soutien et d'accompagnement des unités sur le terrain. Il y a un vrai engagement d'une part des services de police pour garantir la sécurité de nos concitoyens et surtout pour nous protéger nous-mêmes. D'une part, nous avons des renforts policiers qui sont là pour traiter en judiciaire toutes les atteintes portées contre nos fonctionnaires et les suites vont se développer dans les semaines à venir. La deuxième chose, c'est que nous avons mis en place déjà des structures de soutien. Nous avons une psychologue qui voit les unités au fur et à mesure. Il y a toute une procédure de suivi qui existait déjà. En revanche, ce qu'il y a de nouveau, c'est la quantité des faits, avec la réitération des événements de 2021, 2019. Ce qu'il y a surtout, c'est vraiment le niveau du violences. Il faut le prendre en compte et c'est quelque chose de nouveau.

Le DTPN de Martinique a aussi expliqué pourquoi il ne communique pas pour rétablir les faits, lorsque ceux-ci sont inexactement énoncés sur les réseaux sociaux.

Nous réfléchissons à des manières de communiquer différemment, tout en sachant que la police est une institution républicaine qui est au service de tous. Donc il faut impérativement que nous gardions cette position  de neutralité qui est la nôtre, puisque nous sommes au service de tous nos concitoyens. En revanche, si effectivement, il y a des choses, nous avons déjà un compte Facebook, et à certains moments, nous avons rétabli la vérité sur de fausses choses qui nous étaient imputées. Il y a une accélération et on ne maîtrise pas vraiment la manière dont ça fonctionne. Ce mode de communication qui se développe à l'heure actuelle bouscule aussi les modes de communication traditionnels. Donc la réflexion est en cours, mais ça n'est pas décorrélé du travail fait en interne, en termes d'organisation et de soutien des personnels

 


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