Qui est Pierre-Marie Pory-Papy, l’avocat de couleur au rôle décisif dans l'abolition de l'esclavage en Martinique ?
En ce 22 mai, qui célèbre l’abolition de l’esclavage en Martinique , RCI a choisi de s'intéresser à l'une des figures majeures ayant contribué, à son niveau, à la fin de cette période sombre de l'Histoire, en 1848.
L’héroïsme de l’abolition de l'esclavage de 1848 en Martinique est souvent incarnée par l’esclave Romain (esclave à l'origine de révoltes ayant précédé l’abolition). Mais d'autres figures se sont également distinguées durant cette période et notamment Pierre-Marie Pory-Papy.
Né en 1805 d'un couple de métis martiniquais, cet illustre avocat abolitionniste a joué un rôle décisif dans les événements qui ont précédé l’abolition de l’esclavage en Martinique. Pierre-Marie Pory-Papy est devenu au 19e siècle le premier avocat de couleur de la Martinique.
Le protecteur de l’esclave Romain
En mai 1848, il est le premier adjoint au maire de la commune de Saint-Pierre. En charge de la police, il ordonne au maire Hervé, issu des rangs des propriétaires esclavagistes (les békés), la libération de Romain.
Romain, homme réduit en esclavage, est alors condamné sur la plainte du maire pour avoir joué du tambour lors d’une journée de travail à l'habitation Duchamp. Toutefois, l’esclave est soutenu par le peuple, massé devant sa prison, mais également par Pierre-Marie Pory-Papy.
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Agacé par le soutien de l’avocat pour l’esclave qui ordonne sa remise en liberté, le maire décide de convoquer le Conseil municipal pour inverser la décision de Pory-Papy. Mais le Conseil ne suite pas le maire et vote en faveur de l’avocat.
En plus de s'être prononcé pour la libération de Romain, le Conseil municipal vote pour l’abolition de l’esclavage à Saint-Pierre. À la suite de la proclamation de l’abolition à Saint-Pierre, s’en suit un soulèvement des populations réduites en esclavage. La révolte menace alors de se propager.
Afin d’éviter un bain de sang, le général de brigade Rostoland, vivement encouragé par Mary-Popy, signe le décret interdisant l’esclavage dans la colonie. L’abolition de l’esclavage entraîne la démission du maire Hervé et fait de Pierre-Marie Pory-Papy le nouveau maire de Saint-Pierre, le 24 mai 1848.
Représentant de la Martinique à l'Assemblée Nationale
En août 1848, ce dernier devient le représentant de la Martinique à l’Assemblée Nationale qui institue la Seconde République, jusqu’en 1849.
Figure majeure du mouvement républicain en Martinique, Pierre-Marie Pory-Papy devient président du Conseil général de la Martinique à la chute de l’empire. En mars 1871, il retrouve le Palais Bourbon où il siège aux côtés de Victor Schoelcher, jusqu’à sa mort le 27 janvier 1874 à Versailles.
Jusqu'à ses derniers jours, Pierre-Marie Pory-Papy a mené une vie empreinte de combats et de dévouements pour ses idées.