La Rochelle, Bordeaux et Nantes veulent ouvrir la réparation de la France vis-à-vis d’Haïti
Dans un courrier commun, les villes de Bordeaux, La Rochelle et Nantes, anciens ports négriers, adressent un appel solennel à l’État, dans lequel elles demandent de contribuer au redressement d’Haïti, tant sur le plan moral que financier.
Le 10 mai dernier, à La Rochelle, Jean-Marc Ayrault, le président de la Fondation pour la Mémoire de l'esclavage, a évoqué la démarche de réparation nécessaire de la France vis-à-vis du peuple haïtien « qui subit une terrible crise aujourd'hui ».
Quelques jours après la commémoration de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, plusieurs élus des villes de La Rochelle, de Bordeaux et de Nantes, lui ont emboîté le pas.
Dès le début de leur courrier adressé à l’État, ils apportent leur soutien à la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et demandent d'ouvrir la question de la réparation à l'égard du peuple haïtien.
L'urgence de ce débat
Dans cette correspondance, il soulignent l'urgence de ce débat à la lumière d'un mouvement mondial auquel les pays européens tels que l'Allemagne et les Pays-Bas ont déjà adhéré.
Les élus des villes de La Rochelle, de Bordeaux et de Nantes considèrent donc la réparation comme essentielle pour engager un nouveau dialogue avec les sociétés héritières de l'esclavage.
Ils invitent ainsi l'État, les collectivités territoriales ainsi que les entreprises à réagir face à ce passé colonial et cela implique à contribuer au redressement moral et financier d'Haïti.
Après l’abolition de l’esclavage en 1804 en Haïti, la France de Charles X a obligé les anciens esclaves, dès 1825, à verser des réparations à leurs anciens maîtres.
Selon une enquête du quotidien américain New York Times, le montant des sommes versées équivaudrait à 525 millions d’euros. Mais, assure aussi le journal, « les paiements à la France ont coûté à Haïti entre 21 et 115 milliards de dollars [entre 20 et 108 milliards d’euros] en perte de croissance économique ».