Commémoration de l’abolition de l'esclavage : une statue de l’esclave « Clarisse » inaugurée à La Rochelle
Le 1er ministre Gabriel Attal a présidé vendredi 10 mai à La Rochelle la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage, annonçant une « grande exposition nationale » en 2026 et saluant « l'esprit de résistance » des anciens esclaves.
La cérémonie officielle de commémoration de l’abolition de l’esclavage s’est tenue à La Rochelle cette année. À cette occasion, une statue nommée « Clarisse » a été inaugurée sur le quai Aimé-Césaire. Elle représente une esclave nourrice, installée à proximité de l'ancien port négrier rochelais.
C'est l'artiste haïtien Filipo qui a réalisé cette oeuvre.
Clarisse représente une victoire des opprimés contre les oppresseurs. Clarisse, elle représente aussi l’Afrique, les pays d’Outre-Mer et la Caraïbe. Elle représente l’histoire de ceux qui ont été exploités, maltraités et rendus en esclavage. Clarisse est bien placée pour que l’on raconte son histoire puisqu’elle est installée là où il y avait un port négrier
À ECOUTER L’entretien complet de Filipo recueilli par Nicolas Ledain
Clarisse est un personnage qui a bel et bien existé, elle a été affranchie en 1794 à La Rochelle mais Filipo a souhaité lui donné une dimension plus large.
Clarisse, pour moi, c’est le nom. Mais, en vrai, elle représente toutes les femmes esclaves qui nourrissaient les petits colons de leurs maîtres. Oui, elle a bien existé mais moi, je la rends plus grande
#10Mai #LaRochelle Dévoilement de la sculpture de Clarisse. pic.twitter.com/1snZDvVnhz
— Outremers360 (@outremers360) May 10, 2024
Une grande exposition en 2026
La cérémonie a été présidée ce matin par Gabriel Attal, le Premier Ministre, en présence du président de la Fondation pour la Mémoire de l'esclavage, Jean-Marc Ayrault.
Autour des notions de « résistance, d’espérance et de transmission », il a annoncé une grande exposition nationale sur la Mémoire de l’esclavage en 2026, année des 25 ans de la loi reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Un label « Mémoire de l’esclavage » sera par ailleurs créé pour mieux identifier les sites patrimoniaux ou mémoriels.
EN DIRECT | Le Premier ministre, @GabrielAttal, préside la cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage. https://t.co/9KstuITUNW
— Gouvernement (@gouvernementFR) May 10, 2024
Gabriel Attal a notamment salué « l'esprit de résistance des esclaves marrons ».
Je veux m'incliner sur la mémoire des esclaves marrons qui brisèrent leurs chaînes et tinrent tête à leurs oppresseurs. Chaque départ, chaque fuite était un coup porté à l'esclavage. Et si ceux qui étaient repris étaient si sévèrement châtiés, c'est que rien n'affolait plus les esclavagistes que le marronnage, que cette aspiration suprême à la liberté. Chaque départ semait la graine de la liberté
Avec l'esclavage, « ce sont les frontières de l'humanité qui sont atteintes, dépassées ». « Cette histoire fait partie de l'Histoire du monde, de l'Europe, de la France. Elle s'est écrite à Versailles, à Paris, dans les ports de La Rochelle, de Nantes, de Bordeaux », a déclaré le Premier ministre lors d'une allocution.
L'indemnité vis-à-vis d'Haïti
« Trop longtemps, un voile a été jeté sur ce passé ». « Le reconnaître, ce n'est pas s'affaiblir, au contraire, c'est grandir », a également déclaré Gabriel Attal. « Aussi longtemps qu'il y eut de l'esclavage, il y eut de la résistance » et « en ce 10 mai, c'est aussi cet esprit de résistance que je veux saluer ».
À l’issue de son discours, des élèves ont déposé des fleurs au pied de la statue de Clarisse.
Jean-Marc Ayrault, le président de la Fondation pour la Mémoire de l'esclavage, a évoqué la démarche de réparation nécessaire de la France vis-à-vis du peuple haïtien « qui subit une terrible crise aujourd'hui ».
Elle est juste car elle viendrait réparer l'une des plus grandes injustices de l'Histoire. Je veux parler de l'indemnité colossale qu'en 1825, la France de Charles X a forcé les anciens esclaves d'Haïti à payer à leurs anciens maîtres. Et cela, pendant des années, jusque dans les années 1950. L'année prochaine, marquera le 200ème anniversaire de cette indemnité dont Haïti ne s'est jamais remise. C'est pourquoi nous sommes nombreux à espérer que ce bi-centenaire sera l'occasion d'un grand geste de fraternité de la France à l'égard du peuple haïtien, ce peuple auquel nous devons tant