La production de banane est au plus mal et manque de financements
Les planteurs ont eu des échanges animés en fin de semaine dernière. Des doléances transmises au directeur de Banamart par les planteurs ne sont pas parvenues à l’ensemble du conseil d’administration.
Ces doléances concernent la gestion des reliquats, du Posei et l’étalement des dettes des planteurs en difficulté. Car la situation de la filière est critique. Avec le passage de Bret et les conditions météo, la production de bananes et sa qualité sont au plus mal. La faute en grande partie à la cercosporiose, qui se développe particulièrement avec l’humidité.
Ainsi, sur les bananes produites ces dernières semaines, seuls 50% étaient conformes à la vente. De plus, la filière n’arrive pas à vendre ses bananes dans le contexte d’inflation actuel. Avec la valeur du dollar qui a augmenté et le fret qui descend, les planteurs perdent des centimes à chaque négociation de prix avec la grande distribution. Et pour avoir une banane label bio, la qualité est une condition à la vente. Mais pour pouvoir produire une banane de qualité, les besoins de trésorerie sont importants.
Un manque de moyens financiers
Pour lutter contre la cercosporiose, plusieurs outils ont été présentés. Des outils qui s’inscrivent dans une logique d’agriculture durable : désenherbement mécanique, traitement phytosanitaire à l’aide de canon ou encore de drone. Louis Felix Glorianne, secrétaire de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) , insiste sur le manque de moyen des producteurs de bananes afin d’investir dans ces outils.
C'est très beau à voir, de voir un drone, de voir un tracteur, de voir du matériel, mais aujourd'hui, est-ce qu'on a les moyens de se permettre de faire ce type d'investissement ? Aujourd'hui, très peu de producteurs de bananes ont les moyens de réaliser ces investissements. On essaie de trouver des solutions avec le groupement pour voir comment on peut nous accompagner pour le préfinancement de ce type de matériel.
Sur ce point, Banamart est en négociation avec les pouvoirs publics. Et plusieurs avancées pour la filière ont été obtenues. Alexis Gouyé, président de Banamart :
On a obtenu une subvention. On a obtenu également une étude au cas par cas pour les producteurs, avec les dettes sociales notamment, parce que ce sont les dettes les plus importantes, et au cas par cas, pouvoir étaler cette dette et ce remboursement sur un laps de temps qui correspond à la capacité de remboursement et la capacité de fonctionnement de chaque entreprise.
À cela s’ajoute l’accès au « Fonds Ukraine ».
Cela a été de haute lutte parce qu'au départ, on était exclu du fonds. Quand on parle de 3 millions d'euros pour la Martinique, ça représente 3 millions d'euros pour 317 producteurs de bananes.
Pour Alexis Gouyé, seul un plan Marshall permettrait de relancer les exploitations agricoles impactées.