La mort du linguiste Jean Bernabé : nombreux hommages en Martinique
L'annonce du décès du créoliste martiniquais Jean Bernabé, 75 ans, mercredi 12 avril 2017, a entraîné de nombreuses réactions en Martinique. L'écrivain Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, co-auteur, avec Raphaël Confiant et Jean Bernabé d'un "Éloge de la Créolité" lui rend hommage dans un texte poétique pour son rôle dans la "magnificence" de la langue créole.
Les réactions abondent en Martinique depuis l'annonce de la disparition, mercredi 12 avril 2017, du linguiste, spécialiste du créole Jean Bernabé.
Co-auteur avec Jean Bernabé et Raphaël Confiant d'un "Éloge de la Créolité", l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, a choisi de saluer la mémoire du créoliste dans un texte rédigé créole "Apré Nonm Lan" (Après cet homme) :
Jan
Man ka wè an gwan lawonn sèbi ek an chay betafé
Man ka tann tout kalté jan tanbou ka dégajé kadans
Ek man ka tann lang-an
Ki ka ouvè, ki ka lévé
Ki ka bat alantou’w
Lang-lan, la langue créole dont Patrick Chamoiseau attribue plusieurs mérites au créoliste disparu :
"Tu l'as confortée
Tu l'as magnifiée
Tu lui as conféré la lumière des racines , l'épaisseur des étoiles
Tu lui as rendu ce qu'elle nous a donné, et maintenu cette force"...
Et Patrick Chamoiseau de conclure ce poème :
"Apré nom lan pani
Ek adan kalté lannuit tala sel sèbi a sé wou".
Après cet homme il n'y en a pas
Et dans cette sorte de nuit, la seule lumière c'est toi.
"Un artisan convaincu et infatigable de la promotion de notre langue et de notre culture créoles"
L'association "Tous Créoles" salue pour sa part l'Ami dans son objectif permanent d'inscrire la vivante condition créole dans la grande diversité de la condition humaine".
Elle voit en Jean Bernabé un "artisan convaincu et infatigable de la promotion de notre langue et de notre culture créoles, initiateur passionné et compétent, chercheur brillant et généreux, essayiste appliqué, la mort l’a libéré de ce solitaire, courageux et douloureux combat que lui imposa la vie".
De ses nombreux combats, Marie-Hélène Léotin, conseillère exécutive en charge de la Culture et du Patrimoine, retient une image .
Celle "de ce jeune linguiste, professeur, arpentant les allées du Parc Galliéni (actuel Parc culturel Aimé Césaire) à Fort-de-France, lors des Floralies de 1973, vendant son journal à la criée, un journal donnant à la langue créole ses lettres de noblesse. Ce travail et cet engagement n’étaient pas faciles à cette époque !"
Enfin, Claude Lise, le président de l'Assemblée de Martinique, retient "avec émotion" "sa détermination pédagogique et son engagement pour la langue créole, dès les années 80".
"Fondateur du GEREC, acteur déterminant dans la création du CAPES Créole, Jean Bernabé (...), demeurera le meilleur avocat de notre langue-patrimoine à qui il a redonné vie, consistance et vitalité".