Construire en pente, un défi majeur en Martinique
Le relief très accidenté de la Martinique rend le territoire difficile à maîtriser. Les mornes sont des lieux de construction inévitables. Le défi réside alors dans l'encadrement et la sécurisation du bâti.
Face à la configuration particulière du territoire de la Martinique, les professionnels du secteur du bâtiment sont régulièrement confrontés aux défis que représente la construction sur terrain en pente. Stabilité, drainage, réglementations diverses, les contraintes sont nombreuses et doivent être connues et assimilées par les corps de métiers concernés.
La construction sur terrain en pente nécessite de prendre en compte plusieurs paramètres, notamment la nature et la stabilité du sol environnant, le drainage des eaux pluviales, les coûts plus élevés que sur terrain plat ainsi que les réglementations locales plus strictes.
"Il faut que les gens qui habitent sur ce genre de pente soient conscients de leur vie future, de ce à quoi ils vont s'exposer", explique Didier Yokessa, directeur du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement de Martinique. "Nos ingénieurs et nos techniciens ici peuvent tout construire. Par contre, il va y avoir des choses que l'on peut plus facilement faire en conseillant davantage. Et là, c'est le rôle des architectes", précise-t-il.
"Ils vont traduire toutes les demandes des clients en géométrie et cette géométrie pourra être estimée, chiffrée. En fonction de ce plan, on va passer au crible des différents bureaux de contrôle, bureaux d'études. Toutes ces typologies pourront entraîner des surcoûts financiers pour les travaux. Elles vont rendre obligatoire d'être accompagnées par certaines professions, donc les bureaux de contrôle, les études de sol, les topographies", ajoute-t-il.
Une approche qui entraîne forcément un surcoût.
Règlementation
Des fondations et des structures adaptées doivent être prévues pour garantir la sécurité de la construction face aux glissements de terrain et à l’érosion. Par ailleurs, construire sur une pente dans nos régions nécessite une architecture adéquate pour faire face aux séismes, lesquels augmentent les risques de forte vulnérabilité du bâti.
L'habitat spontané a conduit bon nombre d'habitants à accrocher leurs habitations aux reliefs. À Schoelcher, la municipalité tente d'anticiper les déboires que peuvent engendrer ce type de constructions. "Au niveau des terrains en pente, le PLU, Plan local d'urbanisme en vigueur, cadre des autorisations de construction assez bien, puisque nous avons effectivement des préconisations qui sont reprises, notamment des préconisations générales. Les pilotis sont interdits sur les terrains en pente", souligne Gérald Capgras, responsable de l’urbanisme à la ville de Schoelcher.
"La plupart des terrains qui sont sur le territoire de Schoelcher sont concernés par les pentes. On dira les trois-quarts, puisque la majorité du territoire est vallonnée", précise Gérald Capgras.
Dans le secteur de Ravine Touza par exemple, toutes les constructions sont en crête au sommet de deux fortes pentes. "C'est vrai qu'il y a eu des constructions spontanées par le passé qui ont été édifiées sous d'autres législations, mais pour celles qui concernent aujourd'hui, depuis quelques années déjà, depuis au moins 20 ans, nous resterons très attentifs à ce qu'il n'y ait pas de construction qui ne respecte pas la législation qui soit en vigueur, notamment du PPR, le Plan de prévention des risques", assure-t-il.
"C'est flippant"
Car le risque existe bel et bien. Josita Rascard peut en parler. Au Vert-Pré où elle réside, un glissement de terrain s'est produit sur 30 mètres de long. "C'est assez flippant. Nous avons fait tout ce qu'il fallait mais à cause de la non reconnaissance de la stabilité de notre maison, on a eu un arrêté de péril. On nous a demandé d'évacuer notre maison", raconte-t-elle.
"Quand on a été rassuré par un expert, nous sommes revenus à la maison et on a fait le nécessaire. On a dévié les eaux pluviales qui se déversaient dans les fissures. Grâce à notre assurance, parce qu'on était bien assuré, on a aussi pu faire une paroi cloutée sur 30 mètres de long", confie Josita.
Malheureusement, toutes les victimes de glissement de terrain n'ont pas cette chance. Le respect des normes et de la législation demeure la stratégie la plus efficace pour prévenir ce type dégât.