Le gouvernement lance son plan de lutte contre le racisme
Le gouvernement, par la voix d'Elisabeth Borne et dix de ses ministres, va présenter ce lundi le Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine, à l’Institut du Monde arabe à Paris. Un plan qui s’étalera jusqu’en 2026 et qui va s'articuler autour de cinq grands axes d’action
À la veille de cette présentation officielle, les grandes lignes ont été dévoilées ce dimanche. Cinq grands axes ont donc été ciblés : nommer la réalité et affirmer un modèle universaliste, mesurer le phénomène, mieux éduquer et former, renforcer les sanctions et enfin accompagner les victimes.
Le gouvernement promet par ailleurs un suivi très régulier, via des comités semestrielles notamment, qui regrouperont les partenaires, mais aussi par une évaluation annuelle menée par la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, la CNCDH.
Par ailleurs, le gouvernement affirme avoir opté pour la co-construction dans la préparation de ce plan. 80 mesures au total ont été décidées sur la base de constats chiffrés, mais également à l’issue de consultations avec la société civile : des associations, organismes et instances engagés dans ces luttes notamment.
Des acteurs qui seront d’ailleurs impliqués directement dans la réalisation, aux côtés des 10 ministères concernés, qui seront eux chargés de mettre en place les mesures attribuées et de les financer sur leurs budgets. Cela concernera en priorité l’Intérieur, la Justice et l’Éducation nationale.
Mesures phares
Si l'ensemble des mesures sera détaillé ce lundi, les plus emblématiques ont déjà été dévoilées.
Il y aura notamment la mise en place d’une politique de "testing" systématique sur les discriminations à l’embauche, enjeu de taille puisque les personnes racisées ont aujourd’hui 30% de chances en moins, selon diverses études. Sur ce point par exemple, la volonté est clairement d’encourager les bonnes pratiques et de condamner les mauvaises, via une réponse graduée qui pourrait aller jusqu’à des sanctions et même la pratique du « name and shame », en gros afficher les entreprises qui ne joueraient pas le jeu.
Autre mesure, des formations seront dispensées pour tous les fonctionnaires, et sur une base régulière dans l’Éducation nationale, afin de donner la bonne marche à suivre. Par ailleurs, des peines aggravées seront créées pour les agents dépositaires de l’autorité publique épinglés pour des infractions non publiques de discrimination.
La volonté du gouvernement est aussi de faciliter les dépôts de plaintes, en sécurisant le dispositif par une anonymisation partielle, en ligne, mais aussi par la possibilité de déplacer des agents dans les locaux d’associations.
Visites scolaires et projets culturels
Pour ce qui est du volet éducatif, il y aura désormais l'obligation d'une visite d'un lieu de mémoire durant la scolarité, ainsi que des incitations à multiplier les projets culturels autour de ces thématiques.
Enfin dans le privé, des fiches seront mises à disposition pour accompagner les entreprises dans la structuration et la communication des bonnes pratiques.
Tout ceci n'est pour l'heure que théorique, espérons que l'ambition interministérielle aura des effets concrets dans une société française paradoxale. Selon les études de la CNCDH, la tolérance a globalement progressé sur les 15 dernières années, mais les actes racistes semblent de plus en plus décomplexés, et s'affichent à la hausse année après année.