Des barrages, un bateau de ramassage... quelles solutions pour les sargasses ?

Par 03/05/2018 - 10:42 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:38

(AUDIO et VIDEO) - On sait désormais à peu près tout des sargasses. De leur origine aux dégâts qu'elles peuvent causer. Pourtant le désastre en cours sur les côtes de l'arc antillais met en exergue une incapacité à anticiper ce problème alors que des solutions existent.

    Des barrages, un bateau de ramassage... quelles solutions pour les sargasses ?

Inexorablement, les algues brunes s'échouent sur le littoral martiniquais engendrant des conséquences sanitaires, économiques et sociétales. Dernier exemple en date, l'agence du Crédit Mutuel du Robert a du fermer ses portes et déménager au Lamentin. La puanteur dégagée par les sargasses en décomposition était insoutenable pour les employés et les clients. La semaine dernière, Alfred Monthieux, le maire de la commune a même pris la décision de fermer tous les établissement scolaires du Robert. D'ailleurs les cours qui devaient reprendre ce jeudi au collège Robert III ont finalement été ajournés. Les parents ont été appelés pour venir récupérer leurs enfants.

Du Marigot à Sainte-Anne...

Une fois de plus, les communes de la côte Atlantique, du Marigot à Sainte-Anne sont dépassés par l'arrivée massive des sargasses. Pourtant des outils d'anticipation existent. Si en 2011, on ne savait pas d'où venait ce mal, la source a depuis été identifiée. Les algues qui dérivent vers notre île proviennent d'une nouvelle mer des sargasses située au milieu de l'Atlantique entre le Brésil et le Congo. Les sels minéraux contenus dans les pesticides utilisés dans l'agriculture intensive seraient le catalyseur de cette prolifération d'algues brunes comme l'explique Pascal Saffache, professeur de géographie environnemental.

En Guadeloupe, la Deal a sollicité une entreprise bordelaise pour détecter les bancs de sargasses via des images satellites. En revanche, malgré les multiples plans sargasses annoncés et les promesses de financement la Martinique ne dispose pas de cet outil. D'ailleurs la dernière entrée concernant les sargasses sur le site de la Deal Martinique remonte à 2015.

Ramasser les sargasses en mer

Ces données auraient permis d'anticiper l'arrivée des algues brunes. Car tous les spécialistes s'accordent à le dire, il ne faut pas laisser les sargasses s'échouer sur nos côtes. C'est d'ailleurs l'avis de Pascal Saffache qui prône l'appareillement d'un bateau pour ramasser les sargasses en mer. Selon l'universitaire des bateaux de type chalutier, d'une longueur de 150 mètres, pourraient aspirer les algues se trouvant en surface.

Pascal Saffache répond à Aude Sioul-Tidas

D'autres solutions moins honéreuses permettent de prévenir les échouages de sargasses. Car tant que les algues brunes sont en mer elles ne pourrissent pas et ne dégagent pas d'hydrogène sulfuré. La société Ris'k est la seule à proposer un barrage anti-sargasse. Une vidéo de promotion diffusée sur les réseau sociaux montre l'efficacité du dispositif en République Dominicaine.

Le maire du Marigot, Joseph Péraste qui a eu l'occasion de faire installer un barrage de ce type à l'entrée maritime de sa commune est plus circonspect sur son efficacité. Ecoutez le reportage de Aude Sioul-Tidas :

Des solutions d'anticipation qui peinent à se mettre en place malgré les invasions successives. Pour l'instant, les municipalités parent au plus pressé en sollicitant des entreprises privées qui ont bien du mal à se faire payer. Outre les 700 000 euros promis par le préfet, les jeunes du RSMA ont été mobilisés pour ramasser les sargasses tout comme des individus condamnés à des travaux d'intérêt général. Des moyens bien loin de ceux envisagés dans le rapport de la mission interministérielle sargasse. Le document publié en 2016 recommandait un budget annuel de 3 millions d'euros pour la gestion du phénomène. Un phénomène qu'il fallait considérer comme une catastrophe naturelle au même titre que les cyclones.

Un avis partagé par la population et les maires qui jugent encore trop faible les moyens alloués par l'Etat pour faire face à un risque sanitaire de plus en plus important. Les autorités sanitaires ont d'ailleurs étendu leur réseau de surveillance des émanations d'hydrogène sulfuré. Des pics à plus de 5ppm en 24 heures ont d'ailleurs été observés au quartier Frégate au François. Pas de quoi rassurer les habitants des zones côtières.


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