Témoignages et réactions après le premier féminicide de l'année

Par 15/08/2022 - 13:46 • Mis à jour le 16/08/2022 - 08:28

Une femme de 54 ans a été tuée à son domicile, à Palmiste, au Lamentin. Le suspect, un homme de 54 ans, serait son ami d’enfance.

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Photo d'illustration

Les témoignages

Les faits se seraient déroulé dans la journée d'hier, dimanche 14 août. Ce n’est toutefois qu’en début de soirée que les gendarmes et les policiers ont été alertés par les voisins. Ce sont d'ailleurs ces mêmes voisins qui ont interpellé le suspect.

Le calme est depuis revenu dans le quartier. Seuls les scellés posés sur le portail blanc face à la maison rose rappellent qu'un drame s'est produit ici. Une violence sans nom dont ces voisins ont été indirectement témoins, comme l'explique Dimitri, locataire de la victime.

Le soir, je partais pour aller à une fête, et j'ai un pote qui me dit : "Dimitri, Marijo doit avoir un problème, car je n'arrive pas à la joindre depuis un moment." On est donc allé voir, avec d'autres voisins, et le gars était là. Il ne voulait pas allumer la lumière, mais on l'a quand même fait, et c'est là qu'on a trouvé Marijo par terre, dans une mare de sang. La cuisine était pleine de sang, le frigo aussi ... c'était pas beau à voir. Alors on a attaché l'homme dehors en attendant l'arrivée de la police.

L'homme ne se serait pas débattu, vraisemblablement lui-même sous le choc. Il aurait toutefois répété à plusieurs reprises : "c'est pas moi."

Selon Dimitri, c'est donc le compagnon de la victime, qui avait tenté de la joindre toute la journée en vain, qui les aurait alertés. L'homme interpellé est, lui, un ami d'enfance de la victime, qui se serait régulièrement montré très jaloux et possessif avec cette dernière, comme en témoigne Sabrina :

Elle était assistante de vieillesse mais avait dû arrêter pour s'occuper de sa mère, décédée il y a un mois. Comme je suis aide-soignante, on avait une affinité assez forte. Du coup, elle me confiait des choses. Elle m'avait dit que son ami d'enfance était quelqu'un de très possessif et jaloux, qui voulait contrôler sa vie et ses fréquentations. Elle essayait de lui faire gentiment comprendre qu'il devait arrêter, mais je lui disais de faire attention, parce que la jalousie, ça peut conduire à beaucoup de choses. Même si je n'aurais jamais imaginé ça. C'est si macabre, il n'y a pas de mots.

D'après les pompiers, la victime présentait de nombreuses blessures d'armes blanches, probablement de coutelas. Une enquête de flagrance a été ouverte, le suspect a été placé en garde à vue et le juge d'instruction saisi. 

Les réactions

Ce meurtre a immédiatement fait réagir les associations de défense des droits des femmes. Il s’agirait en effet du premier féminicide de l’année, et l'Union des Femmes de Martinique (UFM) témoigne d’une "vive émotion" et d’un "profond écœurement face à une nouvelle vie détruite".

L’association dénonce une nouvelle fois l’absence de politiques publiques pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Pour Georges Arnaud aussi, co-fondatrice de Culture Égalité, ce drame rappelle que rien n’est jamais acquis pour protéger les femmes. 

Tout d'abord, nous adressons nos condoléances à toute la famille. Nous sommes très, très en colère, parce que ce n'est pas acceptable. Oui, c'est le premier féminicide depuis le début de l'année, mais c'est inacceptable. Il n'y a aucun progrès. Un seul pour nous, c'est déjà trop. Et il y a toujours toutes ces femmes victimes de violences que nous recevons régulièrement, que toutes les associations reçoivent quotidiennement. Elles sont tuées à petit feu, psychologiquement, moralement, mentalement.


Consultez ci-après le communiqué délivré par l'UFM, après l'annonce du drame : 

Réactions de l'UFM après le premier féminicide de l'année 2022

 


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