"Je m'appelais Clarissa Jean-Philippe, ne m'oubliez pas"

Par 03/12/2020 - 14:42 • Mis à jour le 03/12/2020 - 14:44

Alors que le procès des attentats de janvier 2015 a enfin pu reprendre hier après plusieurs semaines de suspension, les avocats des parties civiles ont commencé à plaider. Des plaidoiries qui font parfois passer une vive émotion, comme celles des avocats de la mère et des proches de Clarissa Jean-Philippe, la jeune policière tuée à Montrouge par le terroriste Amedy Coulibaly.

    "Je m'appelais Clarissa Jean-Philippe, ne m'oubliez pas"
La mère de Clarissa Jean-Philippe, Marie-Louisa, très éprouvée à la sortie de la salle d'audience (©AD)

A la sortie de la salle d'audience située au 2ème étage du Palais de Justice de Paris, une avocate vient féliciter sa consoeur Maître Sarah Aristide. "C'est la meilleure plaidoirie depuis le début", lui dit-elle dans un sourire.

C'est vrai que quelques minutes plus tôt, l'avocate arrivée le matin même de Guadeloupe a su faire naître une émotion palpable chez les personnes présentes en parlant notamment de la mère de Clarissa Jean-Philippe, présente depuis le début du procès et très affectée. "Cette maman qui a traversé tous les tourments, l'enfer", "qui a tellement tenté de refaire les derniers pas de sa fille qu'aujourd'hui elle ne marche plus", indique Maître Aristide. Marie-Louisa Jean-Philippe qui, selon son avocate, "a cherché en elle la force de la vérité". Une vérité qu'elle est venue chercher ici à ce procès mais hélas, "mensonge leur a été opposé".

"Il est temps de la laisser partir, qu'elle puisse partir sereinement, qu'elle sache qu'un peu de paix peut revenir en chacun d'entre vous. Clarissa a été amour, est amour et le demeurera", continue-t-elle à l'adresse des proches de la jeune martiniquaise.

Pour l'avocate, comme pour Maître Charles Nicolas qui représente aussi la famille de Clarissa, il n'y a aucun doute sur les circonstance de la mort de la jeune policière, le 8 janvier 2015 à Montrouge. "Tu es morte en sauvant les enfants juifs de Montrouge, parce que tu gênais un lâche, parce que ton uniforme pour protéger les autres t'a désignée", a encore plaidé Maître Aristide.

Quelques minutes plus tard, Maître Nicolas a aussi voulu mettre en avant le caractère héroïque de Clarissa, "digne fille de la Mûlatresse Solitude, de Delgrès, de Toussaint Louverture", en s'adressant à elle directement. "Ta mort a empêché un massacre dans une école", a-t-il plaidé. "Tu es tombée pour cette France qui ne se met pas à genoux, cette France de toutes les origines, de toutes les religions, qui refuse de vivre sous l'esclavage de la terreur, tu ne l'as pas voulu mais tu es devenue un symbole", a soutenu l'avocat. "Après 5 ans de procédure, 3 mois d'un procès harassant, je peux le dire avec détermination je suis, nous sommes tous Clarissa", a conclu Maître Nicolas. Un peu plus tôt, Maître Aristide terminait par ces mots, la gorge un peu nouée : "Je m'appelais Clarissa Jean-Philippe, ne m'oubliez pas".

Le verdict est attendu le 16 décembre prochain.


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