[VIDEO] Sécurité, Sargasses, Vie Chère : le préfet de Martinique Etienne Desplanques répond à RCI

Par 24/06/2025 - 05:13 • Mis à jour le 24/06/2025 - 14:05

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un homme politique qui était l’invité de l’émission « Lundi Politique », ce lundi 23 juin mais le représentant de l’Etat en Martinique. Etienne Desplanques est longuement revenu sur la lutte contre les trafics, contre les algues sargasses, contre la vie chère mais aussi contre l’accidentologie routière.

    [VIDEO] Sécurité, Sargasses, Vie Chère : le préfet de Martinique Etienne Desplanques répond à RCI
Etienne Desplanques, préfet de Martinique

Plus de quatre mois après sa prise de fonction, Etienne Desplanques, le nouveau préfet de Martinique, est longuement revenu ce lundi sur les priorités du moment de l’Etat, sur le territoire.

Sécurité, sargasses, vie chère, accidentologie routière : le représentant de l’Etat livre un bilan sans concession, reconnaît des pistes d’amélioration mais estime aussi qu’il faut une prise de conscience globale, notamment face à la délinquance.

SÉCURITÉ : « Quand on voit des armes ou de la drogue, il faut parler »

En bientôt six mois, l’année 2025 compte déjà 17 homicides, contre 11 l’an passé à la même période. S’il n’est pas surpris par le niveau de violences, Etienne Desplanques, qui a pris ses fonctions le 10 février dernier, avoue qu’il ne s’attendait pas à l’ampleur de cette délinquance de haut du spectre : vols à mains armées, homicides, tentatives d’homicides.

Le préfet salue de « belles affaires » réalisées par la police et la gendarmerie. Il rappelle également que 103 armes ont été saisies depuis le 1er janvier, contre 70 l’an passé, dans le même laps de temps.

Pour lui, si l’Etat doit jouer son rôle, « en premier », c’est l’ensemble de la société martiniquaise qui doit s’impliquer ».

Les collectivités, via la vidéo-protection mais aussi l’ensemble des citoyens, à travers un changement des mentalités, pour lequel une campagne de communication devrait être lancée en septembre.

Quand on voit des armes ou de la drogue, il faut parler

C'est ce que demande le préfet, citant le démantèlement récent d’un réseau de mules qui opérait depuis des mois dans un quartier de Fort-de-France.

Tout en insistant sur les renforts déjà affectés aux gendarmes et aux policiers, il reconnaît une faiblesse au niveau du nombre d'enquêteurs.

Après une grande attention sur Fort-de-France, touchée par un triple homicide, les efforts vont aussi être redirigés en communes.

Pour toucher les trafics au porte-monnaie, Etienne Desplanques annonce aussi une concentration de moyens sur le blanchiment d’argent, en ciblant notamment certains secteurs, comme « les loueurs de véhicules ou les signes de richesse ».


SARGASSES : « Une saison de tous les records »

C’est désormais avéré, la saison 2025 est « inédite », en terme d’arrivée d’algues brunes sur nos côtes.

Elle bat les records de 2022

Pour preuve, à date 4500 tonnes de sargasses ont été ramassées en mer, contre 1500 tonnes sur l’ensemble de l’année 2024, « assuré à 100% sur les fonds de l’Etat ».

Le montant que l’on va mobiliser en 2025 va probablement dépasser celui que l’on utilise dans les Côtes d’Armor, pour lutter contre les algues vertes. C’est un effort considérable de l’Etat et je veux remercier les pêcheurs car, outre les sargator, ce sont eux qui ramassent

Conscient que cela « ne résout pas tout », Etienne Desplanques estime que la création du GIP Sargasses en 2024, même si elle prend du temps, devrait monter en puissance. « Bien sûr, on en perfectibles », indique-t-il, évoquant le plan sargasses.

Mais, pour lui, face à l’urgence, il faut poursuivre le ramassage en mer et à terre, mais aussi multiplier les barrages, qui reste l’outil « le plus efficace ».

Avec la montée en puissance du GIP, il souligne que le Groupement d’Intérêt Public pourra commander directement et bénéficier à toutes les communes.

Cela ne répond pas à la situation d’urgence mais j’ai tendance à croire que ce que nous avons connu cette année, va se renouveler les années prochaines 

Malgré les demandes récurrentes de déclaration en catastrophe naturelle, le préfet souligne que ce n’est pas « à l’ordre du jour ».


VIE CHÈRE : « Le projet de loi contre la vie chère apporte des outils et fait bouger les lignes »

«  Cette question est prise au plus haut niveau de l’État avec ce projet de loi », indique Etienne Desplanques, estimant « qu’il fait bouger les lignes », dans une période où peu de projets de lois sont proposées

Ma feuille de route, c’est le protocole d’accord du 16 octobre, or il y a certaines dispositions où j’ai besoin d’évolutions législatives. Ce protocole, il prévoit, par exemple, un mécanisme de compensation des frais d’approche. Une mission est d’ailleurs sur place pour travailler avec les acteurs sur le sujet. Et, pour cela, moi, j’ai besoin d’évolutions législatives

Selon le représentant de l’Etat, le projet de loi va apporter des outils pour, notamment, sanctionner le non-respect du Bouclier Qualité Prix, et renforcer le travail sur les « sujets tabous » tels que la révision des seuils de revente à perte, une plus grande transparence sur marges arrières, la révision des seuils de contrôle

Ce projet de loi va apporter des outils supplémentaires pour lutter « contre les abus en matière de concurrence qui serait faussée ».

Pour Etienne Desplanques, la lutte contre la vie chère ne peut s’imaginer sans « une production locale qui vient au juste prix et pas au prix de ce qui vient de l’importation ». Il annonce que, d’ici la fin de l’année, un Contrat de Transition et d'Engagement Agroécologique (CTEA), un des aspects du protocole du 16 octobre, devrait voir le jour, pour aider les petits agriculteurs.

À ce stade, la baisse de l’Octroi de Mer a permis une baisse de 8% sur 6000 produits, indique le préfet. Les résultats de la baisse de la TVA devraient être connus dans les prochaines semaines. Reste encore à mettre en oeuvre la compensation des frais d’approche.

Questionné par Cédric Catan et Philippe Diser dans Lundi Politique sur les prix des carburants, il souligne que « la Martinique et la Guadeloupe sont des petits marchés avec la plus petite raffinerie au monde ».

Les coûts de raffinage sont très élevés. Si on appliquait le prix non règlementé, le prix serait très supérieur. On doit aussi tenir compte des coûts de production. Le taux de marge de la Sara, il est encadré, il n’a pas bougé et il a même diminué lors de la précédente réforme des carburants. Il est adapté, selon les calculs pour rendre l’opération rentable, mais une rentabilité qui reste mesurée.


SÉCURITÉ ROUTIÈRE : Le fait de brûler des radars me met en colère »

Depuis le début de l’année, 18 accidents mortels sont survenus en Martinique. Etienne Desplanques réagit à la question de la destruction des radars.


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