Soirées privées : le tour de vis des autorités en Martinique

Par 29/07/2025 - 19:31 • Mis à jour le 29/07/2025 - 21:47

Les services de l’Etat et les municipalités veulent éviter les débordements provoqués par la multiplication des soirées et événements festifs lors de cette période de grandes vacances. La préfecture affiche sa fermeté vis-à-vis des établissements recevant du public.

    Soirées privées : le tour de vis des autorités en Martinique
photo d'illustration

Un 19ème tué et un nouveau blessé par balle. Le nouveau bilan meurtrier du week-end écoulé inquiète les autorités.

Particulièrement visées : les soirées festives, pas toujours déclarées et en marge desquelles se déroulent de nombreux drames. 

Pour inverser la tendance, la préfecture affiche un message de fermeté.

Déjà 15 fermetures administratives

Depuis le début de l’année, 15 établissements ont fait l’objet de fermetures administratives, pour divers manquements.

Des chiffres en hausse par rapport aux années précédentes. Et d’autres dossiers sont actuellement à l’étude.

En première ligne également, les maires, qui réagissent à leur tour.

Celui du Gros-Morne, directement concerné, a annoncé dès samedi des mesures pour encadrer les rassemblements festifs et une plainte contre l’organisateur.

« Des soirées pas déclarées »

Ce lundi (27 juillet), c’est celui du François, qui a pris la parole pour interpeller l’ensemble des acteurs.

Samuel Tavernier, le maire du François, avait refusé la soirée qui a fait un mort au Gros-Morne, compte tenu des conditions de sécurité non réunies. Il appelle l’ensemble des acteurs du monde de la nuit à leurs responsabilités.

Le plus souvent, c'est la préfecture ou la gendarmerie qui nous alertent en nous disant est-ce que vous êtes au courant d'une soirée qui doit se tenir ? On regarde dans les demandes qui nous sont parvenues. Et c'est là qu'on s’aperçoit que certaines soirées ne sont pas déclarées. Vous comprenez bien que le maire n'est pas un magicien, il n'a pas l'œil partout pour savoir ce qui se passe, ce qui se trame. Et c'est là que ça peut être dangereux. Donc le communiqué que nous avons fait, c'est justement pour rappeler aux organisateurs qu'ils sont tenus de respecter les règles parce qu'ils mettent en danger les gens, surtout lorsque les aspects sécuritaires de leur dossier n'est pas réuni. Donc, c'est un appel à tous les organisateurs, à tous les acteurs pour leur dire que, dans ces périodes de vacances, qu'il y a des précautions supplémentaires à prendre pour mettre en sécurité la population, et notamment en faisant valider les dossiers, ce qui est important. Il faut mettre en place toutes les mesures de sécurité afin que l'événement se déroule dans de bonnes conditions.

Une réglementation stricte

Julie Pluton, chef du bureau de la prévention et de l’ordre public à la préfecture de Martinique, rappelle qu’une règlementation très stricte doit être respectée et que les services de l’Etat y sont très vigilants.

Les soirées privées qui accueillent du public, notamment lorsqu'elles ont lieu dans des lieux ouverts à tous ou dans les établissements qui reçoivent du public, sont encadrées. Selon le type d'événement, plusieurs obligations doivent s'appliquer. Une déclaration préalable en mairie, voire en préfecture, en fonction de l'ampleur de l'événement. L'obtention d'autorisation s'il y a de la musique amplifiée, notamment les déclarations auprès de la SACEM. La déclaration de débit de boissons aussi, licence temporaire de débit de boissons, en fonction du type de boissons vendues sur place. Donc, soit délivré par le maire, soit délivré par le préfet pour les alcools forts. Et la mise en place de dispositifs de sécurité adaptés lorsqu'il y a un risque de troubles à l'ordre public. En général, les déclarations doivent être faites au moins un mois à l'avance auprès de la mairie pour les événements de moins de 1 500 personnes. Et au-delà, la déclaration doit être faite en préfecture au moins deux mois avant. La préfecture et la sous-préfecture sont très attentives à ce type de soirées et nous rentrons en contact avec les mairies et les organisateurs lorsque nous avons connaissance d'une soirée qui pourrait être organisée sur le territoire. Ça peut aller jusqu'à interdire une soirée comme ça s'est fait pour la soirée au François.

« L’organisateur responsable de la sécurité »

Julie Pluton rappelle que la sécurité est de la responsabilité des organisateurs et qu’en cas de manquements, des sanctions peuvent être appliquées.

L’organisateur est responsable de la sécurité de ses participants. Il doit évaluer tous les risques. Il doit assurer l'encadrement de la soirée, prévoir les moyens de secours et faire appel à des agents de sécurité agréés. Les obligations s'appliquent aussi en cas d'installation soit de tentes, soit des tribunes et chapiteaux. Il relève là des règles des établissements recevant du public (ERP). Les services de l'Etat veillent à prévenir les troubles à l'ordre public. La préfecture et les sous-préfectures sont mobilisés pour accompagner les maires dans leurs pouvoirs de police administrative. Mais bien sûr, les manquements à ces obligations peuvent entraîner une interdiction de la soirée, voire des sanctions administratives ou pénales. En fonction des cas, il peut y avoir des sanctions contre l'organisateur. Il peut y avoir aussi des plaintes qui peuvent être déposées contre un organisateur qui aurait mis en danger la vie d'autrui. Nous avons déjà eu des propriétaires qui ont accepté ce type de soirée. Je ne me permettrais pas de dire souvent, mais la preuve en est, c'est déjà arrivé pendant la période des vacances avec des événements tragiques et des sanctions. Après, en fonction aussi, si la soirée se déroule dans une villa ou dans un établissement recevant du public, ça peut aller jusqu'à une fermeture administrative de l'établissement.

« Si ce n’est pas conforme, je préfère annuler »

Le maire du François, Samuel Tavernier, appelle les organisateurs de soirée et propriétaires d’établissement à davantage de discussions.

Il faut que chaque acteur puisse faire la part des choses. Moi, en tant que maire, un dossier qui n'est pas conforme, qui arrive trop tard et pour lequel nous n'avons pas le temps de vérifier les aspects sécuritaires, moi, je préfère dire non. Le plus souvent, on appelle l’organisateur, quand il est connu, ou bien on appelle le propriétaire. Si l’organisateur n'est pas en la règle, on dit au propriétaire voilà les raisons pour lesquelles nous allons annuler la soirée. Je n'ai aucun mal à le faire parce qu'en le faisant, effectivement, nous sommes dans un cadre de protection, de sécurisation des participants.

 

 


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