À Sainte-Thérèse, quartier toujours coupé du monde, le quotidien éprouvant des habitants
Trois semaines après le début des mobilisations contre la vie chère, un calme précaire semble être revenu à Fort-de-France. À Sainte-Thérèse, c’est toujours un triste spectacle. Entre accès aux soins et absence de transport, les habitants n’en peuvent plus.
Un calme relatif semble être revenu depuis quelques nuits, à Fort-de-France. L'avenue Maurice Bishop à Sainte-Thérèse demeure, quant à elle, toujours impraticable pour les BHNS (Bus à Haut Niveau de Service).
Des carcasses de voitures brulées et des poteaux métalliques découpés en travers de la route obstruent toujours les voies de circulation, à Canal Alaric et Sainte-Thérèse.
Les petites voitures doivent slalomer entre les stigmates des scènes de guérilla urbaines de ces 10 derniers jours.
Problème d'accès aux soins
Les habitants, eux, tirent la sonnette d'alarme et rêvent de pouvoir retrouver une vie normale. Le principal problème est désormais l'accès aux soins.
Tony, retraité diabétique, n'a plus vu ses infirmières depuis plusieurs jours
Je suis diabétique, je prends mon glucose tous les matins. Heureusement qu'on m'a mis un capteur, je peux lire mon truc, mais je ne peux pas prendre mon insuline si c'est trop haut. Les infirmières n'arrivent pas à venir jusqu’ici. Je suis resté quatre ou cinq jours sans jamais prendre mon insuline. La route est barrée, elles ne peuvent pas passer. Elles m'appellent et me disent : « Je suis à tel endroit, mais je ne peux pas ». Alors parfois, je prends ma voiture et vais vers elles avec l'insuline pour qu'on puisse me le donner. Tout ça, c'est inadmissible. Ça met ma santé, la santé de beaucoup d'autres en danger. On ne peut pas empêcher les gens de soigner les malades, quand même ! Si la personne te montre sa carte professionnelle et va voir un patient, qu'est-ce que ça coûte de la laisser ? Ce n'est pas cette personne-là qui a rendu la vie chère.
À ECOUTER Le reportage de Matteo Pasteau et Naida Lebos
Le ras-le-bol des habitants
Rosette Jean-Louis, présidente du comité citoyen, en a assez de voir son quartier laissé pour compte.
On est un peu abandonnés car depuis au moins une semaine, Sainte-Thérèse est sale. On a l’impression que le quartier est devenu un théâtre où tout le monde vient jouer. On a des poteaux qui sont sciés, il y a des feux qui ne fonctionnent pas, ça ne gêne personne
Une automobiliste, qui tente de se frayer un passage, dit être « effrayée ».
C’est surprenant, quand on est sur place, c’est vraiment choquant, on a l’impression d’être sur une zone de guerre. Autant je comprends la cause sur la vie chère, autant je ne comprends pas les dégradations, c’est vraiment décevant…
À ÉCOUTER Le reportage de Naïda Lebos
Dans ce quartier populaire, beaucoup espèrent que l’arrivée des policiers de la nouvelle unité CRS 8 va permettre de les soulager.
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