Sainte-Thérèse à nouveau sous le feu des violences
Depuis près d’une semaine, les habitants vivent au milieu de scènes de graves violences, en marge du combat contre la vie chère. Face à ces événements qui se répètent, ils racontent leur quotidien. Reportage.
Ce mardi soir, la tension n’est toujours pas retombée à Sainte-Thérèse. De nouveaux barrages enflammés ont accueilli la tombée de la nuit, alors que, toute la journée, l’avenue Maurice Bishop est restée bloquée. Et que des jeunes cagoulés sont restés dans les rues du quartier foyalais.
Riverains et commerçants avouent un sentiment d’impuissance. À la tristesse, s’ajoute parfois la colère et l’incompréhension pour ceux qui vive ici et fréquentent les lieux.
C’est vraiment le chaos, ça fait trois soirs qu’on ne dort pas. On a une personne de 92 ans, qui est déjà fatiguée et qui ne dort pas
À ECOUTER Le reportage de Matteo Pasteau et Naïda Lebos
À Intersport Dillon, le directeur du magasin ne pouvait que constater les dégâts, ce mardi.
Ils ont essayé de rentrer dans le magasin, déchiré les rideaux, arraché les top blocks et voilà… C’est lamentable. On va réparer, renforcer et faire ce qu’il y a à faire pour se protéger ».
Des militants déterminés
À l’inverse, des militants déterminés sont restés toute la journée à Sainte-Thérèse des militants déterminés étaient encore sur place. C’est le cas de Lili.
On voit les élus quand il y a des élections. Mais quand il y a des événements comme ça, on ne les voit pas. Où est M. Laguerre, le maire de Fort-de-France ? Ma mère a 88 ans, elle est couchée, elle aussi, elle manifeste. En 2009, c’était un beau combat. Mais, cette fois-ci, on ne va pas lâcher le combat.
Ce mardi soir encore, le quartier reste sous haute tension. Les forces de sécurité vont rester mobilisées. La nuit précédente, six policiers ont été touchés et plusieurs magasins vandalisés et pillés. Deux individus ont été interpellés.
Les policiers demandent des moyens et du soutien
La police, déjà en sous-effectif, demande de l’aide. Josias Claude, secrétaire territoriale du syndicat Unité Police en Martinique explique que le niveau de la violence augmenté.
On ne fait jamais de politique chez au sein d’Unité. Mais je vais quand même me permettre de dire que nous attendons beaucoup plus de messages positifs des politiques qui se sont déplacés au commissariat pour voir « le R » quand il était en garde à vue. Et depuis ces tirs sur l’hôtel de police, nous n'avons entendu aucune réaction de politique pour dénoncer ce qui se passe. Si nous n'avons plus la police nationale, ça va être l'anarchie. Et les personnes les plus pauvres seront encore plus pénalisées, puisque ça vient d'un quartier qui est relativement pauvre. Avec des véhicules brûlés hier soir, on a mis des familles en difficulté qui ne pourront plus aller travailler. Je ne vois pas l'intérêt de semer le chaos pour une question de vie chère. Il faut qu'on reste dans le domaine de la loi. Nous attendons les renforts qui sont urgents. Donc nous appelons au ministère puisque nous avons eu le ministre de l'Intérieur qui s'est déplacé au mois d'avril sur notre territoire et notre organisation syndicale lui a remis un courrier dénonçant l'état des effectifs et du matériel sur le territoire de la Martinique. Nous sommes un territoire insulaire et nous avons besoin d'un égard particulier de l'État pour qu'on puisse avoir ces renforts et ce matériel
ET AUSSI
Les réactions des élus
Ce mardi, à travers deux communiqués distincts, les députés Jiovanny William et Béatrice Bellay, puis Marcellin Nadeau et Jean-Philppe Nilor ont appelé « au calme et au dialogue ». Ils appellent à la poursuite et à l’élargissement des discussions sur la baisse des prix, demandant à ce que les débats puissent être publics.
Interrogé, le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a redit son opposition à la publicité filmée des négociations et expliqué pourquoi, selon lui, la présence d’une caméra nuirait à l’objectif final : aboutir à une baisse concrète, acceptée par tous.
Dans un courrier adressé à Michel Barnier, le 1er Ministre, le président du conseil exécutif Serge Letchimy réitère sa proposition de suppression de l’octroi de mer sur 54 familles de produits par la conditionne à d’autres engagements des différents acteurs (Etat, grande distribution, etc…).
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