Les migrations des natifs de Martinique ont accéléré ces 10 dernières années

Par 13/06/2023 - 18:16 • Mis à jour le 13/06/2023 - 18:23

L'INED et l'INSEE ont publié ce mardi les résultats d'une enquête sur les migrations et le vieillissement de la population.

    Les migrations des natifs de Martinique ont accéléré ces 10 dernières années

Dix ans après une première étude sur le sujet, la grande enquête sociologique sur la Martinique a été dévoilée, ce mardi, au siège de l’INSEE Martinique, à Fort-de-France.

Intitulée « Migration, Famille, Vieillissement », elle révèle les mutations socio-démographiques en Martinique, afin de mettre en place au niveau local des politiques sociales et sanitaires adaptées.

Une première version de cette étude avait déjà été menée en 2009-2010. Cette fois, ce sont 2746 martiniquais et martiniquaises, âgés de 18 à 19 ans, qui ont répondu aux questions des chercheurs entre janvier 2020 et juin 2021. La comparaison entre les résultats des deux enquêtes permet de mettre en lumière les mutations de notre société.

Menée par l’INED, institut national d’études démographiques, avec l’appui local de l’INSEE, l’enquête porte sur 3 grands axes :

  • Les migrations, importante dans la vie des martiniquais,
  • La famille, marquée par une baisse continue de la fécondité
  • Le vieillissement, et l’amélioration général de l’état de santé chez les personnes âgées, en particulier chez les femmes.

 

Cette étude a également été réalisée dans d’autres territoires d’Outre-mer : Guadeloupe, Réunion, Guyane. Les résultats seront connus prochainement (semaine prochaine pour la Guadeloupe, 2024 pour la Guyane).

Plus nombreux à partir... et à revenir

L’enquête révèle que les migrations des natifs, c’est-à-dire des martiniquais nés sur l’île, se sont accélérées ces dix dernières années. Ils sont plus nombreux à partir au moins 6 mois du territoire avant d’y revenir comme l’indique Hugues Horatius-Clovis, chef du service territorial de l’Insee Martinique :

On a une part importante de la population martiniquaise qui sont des natifs, plus de 80 %, mais ces natifs sont fortement mobiles. On a une partie de la population qu'on appelle les natifs de retour, qui ont effectué un séjour de plus de six mois hors de Martinique, qui est en augmentation parmi l'ensemble des natifs. Ils passent de 32 à 35 %. Et toujours sur ces migrants en retour, ils sont mieux insérés professionnellement parce que mieux diplômés, plus qualifiés. Et donc, quand ils reviennent en Martinique pour s'installer, ils bénéficient d'un avantage sur le marché du travail et ils sont plus souvent en emploi que le reste de la population. C'est lié à leur niveau de diplôme et de fait, les sédentaires sont moins diplômés que les natifs de retour

Autre enseignement de l'enquête : malgré une population vieillissante, l’entraide intergénérationnelle elle, s’est accélérée. Elle a augmenté de 20 points chez les jeunes de 20 ans et de 10 points chez les plus de 60 ans. Selon Didier Breton, professeurs des universités à l'Université de Strasbourg et chercheur à l'INED à Paris plus les aidants sont proches géographiquement, et plus les aides extérieurs, comme les aides à domicile, sont présentes.

Ce qu'on voit, c'est une première chose, c'est que les aides informelles apportées, elles ont augmenté. Plus de personnes nous ont déclaré aider régulièrement une personne dans leur entourage. Par contre, les aides reçues ont un peu diminué en déclaration. On a assisté à un truc assez intéressant qu'on voit, c'est que ceux qui ont plus recours aux aides formelles, aller chez le médecin par exemple, sont ceux qui ont des enfants autour d'eux. C'est à dire que c'est comme si le réseau d'aidants était celui qui permettait de mobiliser ou de s'organiser pour avoir une aide formelle. C'est un peu la double peine pour ceux, les 20 % des Martiniquais qui ont des enfants et dont tous les enfants sont en dehors du territoire, c'est à dire que ces enfants ne sont pas là et ne sont même pas là pour peut être moins souvent organiser l'aide formelle dans un cas de dépendance.

Les chiffres de ces études devront être complétés par d’autres données, notamment auprès des jeunes qui se trouvent dans l’Hexagone. L’objectif est de mieux comprendre les dynamiques de mobilité.


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