Le bâtonnier de la Martinique choqué par les conditions carcérales à Ducos

Georges Emmanuel Germany libère son poste de bâtonnier le 2 janvier prochain. En attendant, il a effectué, samedi matin (30 décembre), une visite surprise deux heures au centre pénitentiaire de Ducos.

C’est la première fois que le bâtonnier de la Martinique se rendait au centre pénitentiaire de Ducos. Cette visite, qui intervient à la fin de son mandat, était pour lui essentielle.

J'ai tenu à faire cette visite et à consacrer les dernières heures de mon mandat aux détenus et au personnel pénitentiaire de Martinique. J'ai le sentiment que beaucoup de détenus ont honte de leur situation. Ils n'en parlent pas. J'ai découvert certains qui n'avaient même pas dit à leurs avocats qu'ils dormaient par terre. Il y a une loi du silence sur cette question de la surpopulation, mais qui recouvre également la question de la sur-condamnation. On a mis une chape de plomb sur ces situations-là et on s'est arrangé pour que ceux qui en parlent ne soient pas entendus.

Plus d’une centaine de détenus ont échangé avec Georges Emmanuel Germany et un rapport devrait être livré par le bâtonnier avant le 31 décembre minuit. Un rapport qui sera rendu public.

Mon rapport sera adressé aux parlementaires, aux autorités judiciaires, pénitentiaires et au ministère de la Justice. Il est inacceptable que l'on manque à ce point de respect à la dignité des Martiniquais, des Martiniquais et des étrangers aussi. Ce n'est pas comme des êtres humains qu'on les détient.

Pour le bâtonnier, même s’il savait à quoi s’attendre, l’expérience est encore plus choquante.

J'ai été choqué par ce que j'ai vu. J'ai été choqué par ce que j'ai entendu. J'ai été rassuré par la qualité des prestations dans la maison des femmes, la prise en charge des mineurs ou le quartier des arrivants, par contre. Sur les plus de 1 000 détenus qui s'entassent sur un peu plus de 700 places, j'ai vu des conditions indignes d'une République démocratique qui se dit respectueuse des droits de la personne. J'ai vu des gens qui dorment par terre, ils sont à six dans des cellules de quatre ou de cinq. Il n'y a pas suffisamment d'espace pour respirer, il fait chaud, il n'y a pas de porte dans les toilettes.

Le bâtonnier constate également une prise en charge catastrophique des détenus qui ont des problèmes de santé.

C'est une perte de chance qui occasionne des dommages supplémentaires à leur santé. Et surtout, on a des atteintes aux droits et à la dignité humaine que je ne veux même pas détailler ici.

Patrick Louvounou, secrétaire départemental FO justice Martinique, explique que le personnel pénitentiaire fait un travail extraordinaire, tous les jours, pour sauver des vies.

A ECOUTER Patrick Louvounou, secrétaire départemental FO justice Martinique