GHB : de nouvelles victimes lors d'une soirée de carnaval
Depuis plusieurs mois, les témoignages de personnes victimes de GHB se succèdent. Les derniers signalements remontent au week-end dernier, lors d'une soirée de carnaval. L'organisateur de l'évènement Fabien Déris exprime son incompréhension. Entretien avec notre journaliste Cédric Catan.
Cédric Catan: Fabien Déris, vous avez eu des retours concernant de potentielles intoxications au GHB. Quelle a été votre réaction quand les premiers retours vous sont arrivés ?
Tout d'abord, j'ai été très touché parce que la "Jab Jab" c'est le seul événement qu'on produit, et donc qui nous tient vraiment à cœur. C'est un événement qu'on fait pour des raisons qui portent des valeurs. C'est un événement qui est en lien avec notre culture, avec notre identité. En fin de compte, je me suis senti abusé, je me suis senti violé. Je sens que la personne a abusé de nous, est rentrée, a payé son ticket pour pouvoir s'en prendre à nos clients et à nos clientes.
CC : Est-ce-que vous avez plus ou moins estimé le nombre d'intoxications potentielles ?
Ça, c'est assez difficile à dire parce que parfois, ce sont des paroles qui sont rapportées. Plusieurs personnes peuvent nous parler de la même personne. Je pense qu'il y en a eu au moins une dizaine. On m'a parlé aussi d'hommes; donc oui, je pense au moins une dizaine. Mais c'est à prendre avec des pincettes parce que tous les clients ne sont pas revenus vers moi. Il y en a qui ne se doutent de rien, il y en a qui n'ont pas forcément fait le lien. Donc, c'est assez délicat d'estimer le nombre de victimes.
CC : Que vous ont raconté les victimes présumées sur ce qui leur est arrivé à ce moment-là?
Il y en a qui m'ont raconté un petit peu leur soirée. Il y en a qui m'ont dit qu'elles ont surpris des personnes à leur table avec une bouteille ouverte et que dix minutes après, elles ne se sentaient pas bien. Il y en a qui m'ont dit qu'elles avaient la sensation d'être suivies par des gars qui étaient derrière elles en permanence. Un peu en mode "chacal " comme on dit. C'est vraiment des comportements un peu étranges qu'on n'a pas l'habitude de voir.
« Le dégout a été très profond »
CC : Surtout, ce sont des victimes qui ont du mal à appréhender ce qui leur arrive sur le moment, parce que ça peut-être comparable à de l'alcoolisation un peu exagérée, et en réalité elles s'effondrent quasiment très rapidement.
Oui voilà, c'est cela le vice du GHB. La victime n'est pas consciente. Déjà le lendemain, elle a un blackout, donc elle pense juste avoir trop bu. Mais c'est vrai que les symptômes sont comparables à une forte alcoolisation. Je parle avec des pincettes, je ne suis pas médecin, mais c'est ce que j'ai lu. Je me suis renseigné un petit peu sur le sujet ce week-end.
C'est vrai que lorsque les services de secours, en tout cas de ma soirée, ont réceptionné des victimes, c'était difficile pour eux de savoir de but en blanc que c'était dû à du GHB et non pas à de l'alcool. Donc il est vrai que les symptômes sont assez similaires. Cette drogue-là, elle est vraiment vicieuse et il faut plus de prévention à ce niveau)là.
CC: Ces victimes, qu'est-ce-que vous leur conseillez de faire ?
Sachant que ça tourne en Martinique en ce moment, je pense qu'il est primordial que les femmes se renseignent à ce sujet. Que les groupes de copines, lorsqu'elles vont en soirée, arrivent ensemble, partent ensemble. Il n'y a pas d'histoire qu'il y en ait une qui parte comme ça alors que ce n'était pas prévu.
C'est aussi surveiller, si on voit que sa copine, subitement, est en mode " open bar " avec tout le monde, qu'elle est désinhibée, etc. Tout ça, ce sont des petits signes qui doivent alerter. Et surtout en cas d'intoxication supposée, aller faire tout de suite des analyses parce qu'il me semble que le GHB reste très peu de temps dans le sang. Je pense que sans analyse, c'est vraiment difficile de faire des procédures ensuite et de faire valoir ses droits.
CC : Vous, en tant qu'organisateur, est-ce-que pour la prochaine soirée, vous allez prendre des dispositions particulières eu égard à ce qui s'est passé cette année ?
Ah oui,vraiment! Le dégout a été très profond, au point qu'on se demandait si l'on arrêtait pas, carrément. Mais des solutions existent. En Martinique, vu que l'on n'est pas encore sensibilisé à ce propos, c'est assez difficile à trouver. Mais il existe des capotes de verre, il y a des vernis qui détectent le GHB, des petites languettes de test, des pailles qui changent de couleur. Donc, notre prochain évènement étant prévu en 2024, on a un an pour travailler là-dessus.
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