[SÉRIE 4/5] Prise en charge de la schizophrénie : “Je suis devenue adulte trop vite”

Quatrième épisode de notre dossier sur la santé mentale centré sur le programme Profamille du CMP de Rivière-Salée porté par le Centre hospitalier Maurice Despinoy.

Ce jeudi (24 juillet 2025), c'est à travers le regard d'une jeune fille dont la mère est atteinte de schizophrénie qu'une fenêtre s'ouvre sur la schizophrénie.

Colères, silences, confusion… Profamille lui a permis de comprendre ce qu’elle portait depuis l’enfance. Et de poser des mots sur ce qui, longtemps, est resté indicible.

"Je me suis longtemps dit qu'elle me détestait"

Elle est adulte aujourd’hui. Mais elle le dit sans détour : elle a dû grandir trop vite. Aussi grave, elle vit sa jeunesse avec le sentiment que sa mère éprouve du désamour pour elle.

Des fois, tu te dis: elle fait exprès. Moi, j'ai longtemps, j'ai pensé que ma maman ne m'aimait pas, qu'elle me détestait. Et en fait, pendant tout ce temps-là, toi, tu souffrais de son comportement, de ce qu'elle pouvait dire ou faire. Mais en fin de compte, tu te rends compte qu'elle aussi, elle souffre. Parce qu'imaginez-vous, H24, avoir une voix dans votre tête qui parle comme ça tout le temps et que tu ne peux pas mettre stop, tu ne peux pas éteindre la radio

Un jour survient la crise de trop. La jeune femme fait hospitaliser d'office sa mère. Désormais, leur relation s'est apaisée. Comme 500 000 jeunes aidants en France, elle doit faire avec la maladie de sa mère.

Une maladie dont les effets sont désormais atténués par la prise d'un traitement mais aussi l'appui de Profamille :

Depuis qu'elle suit son traitement, elle est calme, on parle bien. C'est vrai que Profamille aussi, ça a beaucoup aidé, pour moi, à comprendre la maladie parce que tu fais des recherches sur Internet, mais il y a le tout et le n'importe quoi. Avec Profamille, tu comprends vraiment de A à Z, la maladie, d'une première part. Et puis après, on t'apprend vraiment, on te donne les outils pour vivre avec, mieux communiquer avec le proche. Tu vois le proche autrement aussi. Aujourd'hui, je sais qu'elle a sa façon spéciale de m'aimer, mais elle m'aime. Ça, j'en suis sûre

Une crise plus forte

En nous livrant son témoignage, la jeune femme raconte la crise de trop. Celle qui l'a conduite à faire hospitaliser sa mère. Elle dit aussi cette jeunesse remplie d'incompréhension face des colères imprévues et fortes.

Parole aux soignantes

Pour clôturer cette série, nous donnerons la parole aux soignantes du programme Profamille, qui accompagnent ces familles depuis des années. Un dernier épisode pour comprendre comment ce dispositif apporte un souffle nouveau à ceux qui en ont besoin.

√ Pour tout contact : Profamille, 0696 86 30 99.

Retrouvez cette série tout au long de la semaine dans les journaux de 7 heures et de 13 heures et sur notre site internet. 

• Épisode 1 – « C’était le feu à la maison »

Un père raconte le chaos du quotidien face à la maladie de son fils.
Grâce à Profamille, il a trouvé une bouée, un cadre, et un début d’apaisement.

• Épisode 2 – « Je croyais qu’elle était juste paresseuse »

Le chemin d’une mère, passée du jugement à la compréhension.
Elle pensait que sa fille faisait exprès… jusqu’à ce qu’elle découvre la réalité de la schizophrénie.

• Épisode 3 – « Elle m’aime, même quand je déborde »

Un homme atteint de troubles psychiatriques raconte comment sa compagne a appris à rester à ses côtés.
Profamille n’a pas effacé les tempêtes… mais a permis de traverser sans sombrer.

• Épisode 4 – « Je suis devenue adulte trop vite »

Elle a grandi avec une mère malade.
Aucun mode d’emploi, beaucoup de peur.
Son témoignage brise le silence autour de ces enfants qu’on appelle « jeunes aidants ».

• Épisode 5 – « Ce n’est pas un miracle, mais c’est un souffle »

Dans ce dernier épisode, la parole est donnée aux soignantes du CMP de Rivière Salée. 
Chantal et Laurence animent le programme Profamille depuis 5 ans.