Plus de missions pour les infirmiers : une satisfaction pour les professionnels qui restent vigilants
Les parlementaires travaillent à élargir le champ d'action des infirmiers. Les professionnels voient cette évolution d'un bon oeil mais estiment qu'elle doit s'accompagner d'une revalorisation des revenus et de formation.
Une proposition de loi visant à une meilleure reconnaissance des missions des infirmières et des infirmiers a été adoptée hier soir à l'Assemblée Nationale.
Rédigé par l’ex-ministre de la Santé, Frédéric Valletoux (Horizons), et amendée en commission, le texte prévoit notamment la création d’une “consultation infirmière”.
Le texte liste également des “mission socles”, telles que :
- la réalisation de soins « curatifs, palliatifs, relationnels et destinés à la surveillance clinique »,
- le suivi du parcours de santé des patients et leur « orientation »,
- « la prévention » (dépistage et éducation thérapeutique),
- « la participation à la formation » des pairs et la recherche...
Multiplier les tâches des infirmières et infirmiers, comme c’est déjà le cas depuis quelques années, pourrait également participer à lutter contre la désertification médicale.
Revalorisation et formation
Mais pour certains, notamment à gauche, la reconnaissance du métier passe surtout par une revalorisation des salaires et une refonte de la formation...
Un avis partagé par Olivier Villeronce, infirmier anesthésiste et secrétaire général CDMT SANTE
Ça fait très longtemps que la profession infirmière attend une reconnaissance supérieure de ses actes. Et enfin, on a une nouvelle proposition de loi qui supputerait une amélioration des conditions de travail et des conditions infirmières. Nous ne pouvons que saluer ça. Ça nous permettrait d'avoir une augmentation des autorisations de prescription, puisqu'on a déjà la possibilité de prescrire certains médicaments. Mais là, ça nécessiterait, selon moi, une réforme complète aussi de la formation des infirmiers. C'est à dire peut être de pouvoir passer des études plus longues pour améliorer et augmenter nos compétences. Il faut faire extrêmement attention aussi à ce que le gouvernement veut mettre dedans, puisqu'il est hors de question que nous fassions certaines choses sans cette revalorisation salariale
Concurrence avec les médecins
La commission a ajouté par amendement une expérimentation prévue dans 5 départements : l’accès direct aux infirmiers sans prescription médicale lorsqu’ils exercent dans un établissement de santé ou certaines structures pluriprofessionnelles.
De nouvelles prérogatives qui pourrait mettre en concurrence médecins et infirmiers ?
Pour Olivier Villeronce, c’est une possibilité qu'on ne peut pas écarter.
La médecine est censée être pour beaucoup la chasse gardée uniquement des médecins, et beaucoup voient d'un très mauvais oeil le fait de proposer à la population le fait de pouvoir aller consulter un infirmier sans avoir ne serait-ce que l'ordonnance du médecin, sans être passé d'abord par le médecin prescripteur. C'est généralement le médecin qui ordonne ou qui donne la possibilité d'avoir accès à un infirmier. Donc oui, de ce côté là, il peut y avoir, on va dire, un petit froid qui pourrait s'installer
En Martinique, il y aurait 10 000 personnels para médicaux dont environ 2000 infirmiers, selon l’ARS. Le texte adopté hier soir par les députés doit maintenant être examiné au Sénat.
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