Accord Sainte-Lucie - Martinique : "On a besoin de connaître la pègre Sainte-Lucienne", dit Etienne Desplanques, préfet de Martinique
Au lendemain de la signature d'un accord de sécurité entre la France et Sainte-Lucie, Etienne Desplanques, le préfet de Martinique, était l'invité du RCI Martin à 7 heures. Il a explicité les implications de cette coopération sécuritaire.
Nous avons convenu d'échanger sur ce qu'on appelle des "high target values", c'est-à-dire des cibles à haute valeur, pour qu'on puisse avoir accès en temps réel à un maximum de renseignements sur eux, mais aussi que les Saint-Luciens nous aident à repérer ces malfrats venus de Sainte-Lucie ici, en Martinique
C'est ainsi qu'Etienne Desplanques, préfet de Martinique, présente l'un des volets de l'accord signé hier (1er octobre 2025) à Sainte-Lucie dans le cadre du 9e comité de sécurité qui s'est tenu à Castries.
Invité en direct du journal de 7 heures sur RCI, le représentant de l'Etat faisait référence aux différentes enquêtes en cours sur les 29 homicides commis en Martinique en 2025. Plusieurs de ces meurtres impliquent des victimes ou des auteurs présumés venus de l'île anglophone.
Une référence également aux faits commis récemment sur notre territoire et qui pourraient être l’œuvre d'individus ayant des liens entre eux.
Je ne peux pas, moi, qualifier cela de bande de Sainte-Lucie. Je pense que les enquêtes sont en cours. Ce sont des faits qui n'ont pas forcément de lien entre eux. Je comprends qu'en revanche, il y a des liens directs ou indirects, parfois avec Sainte-Lucie. Mais si je prends un peu plus de recul sur, par exemple, tous les homicides que nous avons eus depuis le début de l'année, certains ont très clairement des liens avec Saint-Lucie, voire même, ce sont des règlements de compte entre Martiniquais et Saint-Luciens, voire même entre Saint-Luciens. Et pour ça, on a besoin tout simplement de connaître la pègre Sainte-Lucienne
Lire aussi : Meurtre, blessés par balles et braquage à Fort-de-France : le fait d’une même équipe ?
Cet accord sur le renseignement implique l'installation d'un policier originaire de l'île voisine au consulat général de Sainte-Lucie en 2026.
Ça peut être très utile à la fois sur le renseignement, mais aussi sur la reconnaissance de nationalités sainte-lucienne pour certains détenus. Ils ne sont parfois pas très coopératifs parce qu'ils n'ont parfois pas aucune envie de revenir à Sainte-Lucie.
Un accord de confiance
En plus du renseignement, l'accord signé à Castries avec Philipp J. Pierre, premier ministre de Sainte-Lucie, porte sur les eaux territoriales des deux îles. Un domaine de souveraineté particulièrement sensible, d'où l'importance de cette entente entre les autorités des deux territoires.
C'est un accord original puisqu'il nous permettra, avec l'accord des Saint-Luciens, de pénétrer dans les eaux maritimes Sainte-Luciennes, mais aussi dans l'espace aérien, que ce soit pour des opérations de surveillance, mais surtout, pour continuer nos poursuites en mer. Je prends un exemple très concret. La semaine dernière, au large de la Martinique, nous avons repéré une yole qui était suspecte. Nous nous sommes approchés de cette yole, elle a mis plein gaz. Elle a pris la direction de Sainte-Lucie, nous n'avons pas pu l'intercepter. Une fois qu'elle a franchi la limite entre les eaux territoriales, elle s'est arrêtée pour nous narguer. Et ça, on ne peut pas le supporter
Lire aussi : Saisie d’armes et de stupéfiants sur une yole au port de Texaco à Fort-de-France
Les forces de l'ordre pourront donc conduire ces poursuites jusqu'à leur terme et procéder à des interpellations en territoire étranger. Un accord qui n'existe à l'heure actuelle qu'entre Saint-Martin et Sint-Marteen qui partagent la même île.
C'est dire l'enjeu que revêt ce texte qui doit permettre de lutter contre le trafic d'armes. En Martinique, ce sont 200 armes qui ont été saisies depuis le début de l'année 2025.
C'est un accord qui traduit aussi une forme de confiance entre la France et Saint Lucie, parce qu'on le sait tous, les eaux territoriales, c'est ce qu'il y a de plus sacré pour un État. Donc c'est une concession mutuelle forte parce que l'enjeu est tellement considérable pour nous. C'est la lutte contre le narcotrafic, c'est la lutte contre le trafic d'armes, la lutte aussi contre tous ceux qui viennent faire des vols en Martinique pour ensuite revendre à Sainte-Lucie
Lire aussi : Huit armes à feu saisies en moins de trois jours à Fort-de-France
Faciliter les extraditions
Autre point abordé par les deux délégations : les extraditions entre Sainte-Lucie et la Martinique. Un sujet qui a longtemps fait l'objet de frictions entre Castries et Fort-de-France mais qui semble désormais être pris plus au sérieux par la justice de Sainte-Lucie.
Pendant des décennies, on demandait des extraditions à Sainte-Lucie. On se heurtait à un refus poli. Et puis, depuis quelques mois, les choses changent. Nous avons eu quatre premières extraditions. Nous en avons plusieurs qui sont en préparation. Monsieur le Procureur général était présent ces deux jours avec moi et a pu faire la liste de tous les dossiers qui étaient en cours pour tout simplement obtenir des Saint-Luciens une accélération encore des extraditions
Une question de justice pour Etienne Desplanques
Moi, je suis très attaché à un principe, c'est que les malfaiteurs qui commettent des méfaits ici en Martinique, doivent être punis pour leurs actes. Donc, ils doivent être jugés par ici, en Martinique. C'est une action qui est bien évidemment complémentaire de ce que fait la justice Saint-Lucienne, mais c'est aussi un principe de respect à l'égard des victimes, ici, en Martinique
Lire aussi : Yannick "Tiny" Gustave, un Sainte-Lucien recherché par la justice, extradé en Martinique
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.






