Procès de Charley Cazal, l’association Les enfants d’abord s’est constituée partie civile

Par 08/04/2025 - 15:56 • Mis à jour le 09/04/2025 - 12:00

Le chanteur de KokoLéchel est accusé de 22 viols, dont 13 sur des victimes mineures. L’association de protection Les enfants d’abord s’est constituée partie civile « pour porter la parole de tous ces enfants ».

    Procès de Charley Cazal, l’association Les enfants d’abord s’est constituée partie civile
Plusieurs associations féministes étaient venues soutenir les parties civiles, lundi. @Mégan Bourdon-Cohen

Le procès hors norme de Charley Cazal, aussi connu sous le surnom de MOB, se poursuit, ce mardi (8 avril), devant la cour d’assises de la Martinique.

Le chanteur de KokoLéchel est accusé de 22 viols, dont 13 sur des victimes mineures.

Hier (lundi 7 avril), la cour a entendu les témoignages de trois victimes. Des récits glaçants, entre violence physique et psychologique, larmes et sentiment de honte.

Plusieurs associations féministes, à l’image de l’association Culture Égalité, avaient fait le déplacement pour soutenir les parties civiles.

« Porter la parole de tous ces enfants »

Parmi elles, l’association de protection Les enfants d’abord. Sa présidente, Carole Chrozonock, explique pourquoi elle a décidé de se constituer partie civile :

Nous avons donc décidé de nous constituer partie civile afin de porter la parole de tous ces enfants. Certains sont présents, mais d'autres le ne sont pas. Donc c'était pour faire entendre la voix de ces enfants-là. L’association est régulièrement citée pour représenter les enfants victimes de violences sexuelles. Ce type d'affaires, avec de si nombreuses victimes, c'est quand même assez rare. Ce sont des victimes vulnérables, ce qui permet la prédation de l'auteur. Quand l'enfant est jeune, il n'est pas suffisamment en capacité de mettre en place des profils de mise à distance ou de défense. Et ça profite à l'auteur. Pour moi, ça a été une surprise de savoir que les réseaux sociaux pouvaient permettre de géolocaliser des personnes. Il faut donc être encore plus prudent. Les réseaux sociaux, c'est un danger pour les enfants, encore plus quand on peut les localiser.

De nouvelles victimes entendues

Catherine Carderot, avocate au barreau de la Martinique, représente deux des victimes et l’association Les enfants d’abord. Elle est revenue sur le déroulement du procès, ce mardi matin (8 avril) :

Nous avons entendu de nouvelles victimes qui ont pu raconter ce qu'elles avaient subi, notamment les viols qui leur ont été imposés. Encore beaucoup d'émotion, beaucoup de regrets de se rendre compte quelles étaient les proies de cet homme. La liste de ses victimes est longue, mais elles ont réussi à expliquer ce qu'elles ont vécu.

« Une emprise »

Catherine Carderot explique comment toutes ces jeunes filles ont pu se laisser berner par l’accusé et tomber dans ses filets :

Il y a une question d'emprise. C'était un chanteur populaire auprès des jeunes. Donc, certaines ont été particulièrement flattées de voir des demandes d'amis sur Facebook, sur Instagram. Elles se sont senties valorisées. C'étaient des très jeunes filles naïves qui pensaient rencontrer entre guillemets une star et pouvoir apprendre à le connaître, tout simplement. Et elles ont vite déchanté, puisque, immédiatement, c'est l'aspect sexuel qui a pris le pas pour cet homme.

Pour l’avocate, ce dossier est assez particulier et elle s’en explique :

Nous avons ici, en Martinique, beaucoup de viols et d'agressions sexuelles qui sont perpétrés au sein de la famille. Mais là, c'est quelqu'un de l'extérieur qui a mis en place un mode opératoire pour obtenir des faveurs sexuelles de jeunes filles, c'est assez rare. Et c'est d'autant plus dangereux et inquiétant pour nos jeunes.

« Respecter les enfants »

Catherine Carderot est revenue sur la constitution de partie civile de l’association Les enfants d’abord et sa finalité :

L'association Les enfants d'abord défend tous les mineurs qui sont victimes d'agressions, de coups, etc. Et elle est souvent présente au palais de justice. Elle est souvent désignée administrateur ad hoc quand les enfants n'ont pas de porte-parole dédié. Et là, c'était important pour elle de se constituer partie civile parce qu'il y a 13 victimes mineures, ce n'est pas rien. Et cette association est là pour montrer qu'il faut respecter les enfants. Et là, il n'y a même pas eu ce respect de l'enfance, en fait. Quand on voit qu'il y a deux victimes qui avaient 12 ans… Il a vu dans ces enfants et dans ces femmes des proies sexuelles, tout simplement, des objets, peu importait leur âge. Rien ne l’a arrêté et c’est ça qui est dramatique.


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