Dégradations à la distillerie JM : les quatre prévenus sont passés à la barre

Par 24/03/2021 - 18:50 • Mis à jour le 25/03/2021 - 07:19

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France a ouvert aujourd'hui (mercredi 24 mars) le procès de quatre prévenus dans l'affaire des dégradations survenues à la distillerie JM. Les quatre hommes ont été entendus à la barre.

    Dégradations à la distillerie JM : les quatre prévenus sont passés à la barre

Comparution pour tentative d'extorsion de signature et dégradations de biens en réunion

Le 12 février dernier, ils étaient une quinzaine venus réclamer le retrait des bouteilles qui arboraient le drapeau aux quatre serpents. Ils avaient ensuite exigé que la direction des rhums JM s’engage par écrit à ne plus utiliser des "symboles faisant l'apologie d'un crime contre l'humanité". Face au refus de cette dernière, la situation avait dégénéré.

Quatre militants comparaissent donc devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France à partir d'aujourd'hui pour tentative d'extorsion de signature et dégradations de biens en réunion.

Pas de remise en liberté pour Lubert Labonne et Bruno Pelage

Un procès très attendu, lors duquel l'entrée dans le vif du sujet s'est faite attendre. Avant de commencer, le tribunal a dû étudier une nouvelle demande de remise en liberté pour Lubert Labonne, dit Lulu, et Bruno Pelage, dit Volkan. La semaine dernière, la cour d'appel avait déjà rejeté cette requête. Cette démarche aurait cependant permis à ces deux prévenus d'aller et venir librement durant ce procès, comme les deux autres placés sous contrôle judiciaire. 

La question sanitaire du chlordécone s'est alors invitée à l'audience, lorsque Bruno Pelage a voulu plaider sa demande de remise en liberté. Face au magistrat, il affirme alors :

Nous ne sommes pas des personnes violentes, nous avons agit car il y a des gens empoisonnés. On a fait des marches, on a porté plainte, rien n'a bougé. C'est pour ça qu'on s'est levé : pour faire votre travail

Le procureur de la République s'oppose cependant à cette remise en liberté, car les prévenus sont aussi poursuivis pour des violences sur les salariés de la distillerie JM. Le tribunal suit intégralement ces réquisitions, et rejette la demande des prévenus.

Puis vient le moment de passer au fond du dossier. Là, un nouvel incident survient : les avocats de la défense exigent la présence de Charles Larcher à ce procès. Ils auraient des questions à lui poser, car le délit d'extorsion de signature aurait été exercé sur lui. 

Après délibération, le tribunal décide de passer outre cette requête et de poursuivre pour passer à l'audition des prévenus.

Audition des prévenus cet après-midi

C'est donc cet après-midi, que les prévenus ont enfin été entendus. Les quatre hommes ont tous procédé de la même façon face au tribunal cet après-midi. Ils ont profité d'être à la barre pour évoquer le combat qu'ils mènent depuis plusieurs semaines.

Et c'est Lubert Labonne, dit Lulu, qui est passé le premier à la barre pour s'exprimer sur les faits qui lui sont reprochés. Le doyen de la bande, drapeau rouge vert noir sur l'épaule, le verbe haut, a expliqué et légitimé son action générale, et plus précisément au Macouba en février dernier. 

Il reconnaît à demi-mot d'avoir demandé à Charles Larcher de signer un document reconnaissant les signes avec le drapeau aux quatre serpents sur les bouteilles. Mais il dit refuser de se taire désormais et ne plus vouloir vivre dans un pays d'injustice. Puis Hugues Baspin, d'un ton très calme, a tenu à dire qu'ils ne sont pas des voleurs, assassins ou violeurs. 

Les quatre prévenus se sont en tous cas exprimés sans haine ni crainte et estiment que si leur courrier avait été signé lorsqu'ils l'ont demandé, ils seraient repartis avant que les choses ne dérapent.

Alors que les tensions sont palpables dans ce procès très politisé, où le chlordécone s'est invité dans les débats. Le nom et la présence de Bernard Hayot, propriétaire des rhums JM, ont été plusieurs fois évoqués.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes à l'extérieur de palais de justice en soutien aux quatre hommes jugés ce jour. L'audience est aujourd'hui suspendue et reprendra demain à 8 heures.

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