Affaire Kéziah Nuissier : la défense demandera le renvoi
Les avocats et la mère de Kéziah Nuissier ont tenu une conférence de presse ce mercredi après-midi (4 décembre) à une semaine du procès du jeune militant. Ses conseils ont annoncé leur intention de plaider en faveur d'un renvoi.
C'est le 12 décembre prochain à Paris, l'affaire ayant été dépaysée, que doit en principe se tenir le procès de Kéziah Nuissier. Le militant anti-chlordécone doit être jugé pour des faits de violence et rébellion commis à l'encontre des forces de l'ordre en janvier et juillet 2020.
Les images de l'arrestation de l'étudiant, 22 ans au moment des faits, avaient fait le tour des réseaux sociaux. On y voyait une scène brutale durant laquelle le jeune homme avait été tiré au sol derrière un camion de gendarme avant d'être placé en garde à vue. Les faits s'étaient déroulés lors d'une manifestation de protestation contre l'arrestation de plusieurs militants.
Ce mercredi, les avocats de Kéziah Nuissier, Raphaël Constant et Eddy Arneton et sa mère, Madly Etilé, ont tenu une conférence de presse, une semaine avant son procès.
Ils ont dénoncé un « déni de justice ». Deux des plaintes qu'ils avaient été déposées n’ont toujours pas été instruites ou sont lettres mortes.
Ses conseils ont annoncé leur intention de plaider en faveur d'un nouveau renvoi du procès plus de 4 ans et demi après le faits. C'est ce qu'indique le bâtonnier Raphaël Constant.
Il y a une vidéo d'un jeune Martiniquais qui a été tabassé. On a enfoncé un doigt dans son oeil, on a écrasé ses parties génitales. Depuis 4 ans et 6 mois, toutes les démarches qui ont été faites pour qu'il obtienne justice contre ces gens qui lui ont porté des coups injustifiés soient en état de rendre des comptes à la justice n'ont pas abouti. Dans le même temps, on accuse Kéziah, dans un dossier qui nous paraît construit, d'avoir agressé des forces de l'ordre. Nous avons l'intention de demander un renvoi parce que le dossier ne nous paraît pas d'être jugé puisque nous avons déposé plainte pour faux
« On est dans une spirale de violence »
Pour Madly Etilé, la mère de Kéziah, ce qui est arrivé à son fils est symptomatique d'une répression violente autorisée aux forces de l'ordre.
À travers son cas, on autorise les forces de l'ordre à frapper des contestataires, des citoyens engagés. C'est une énième violence qu'on subit. On est dans une spirale de la violence. Kéziah est un militant anti-chlordécone. Donc on a subi une première violence qui est l'empoisonnement au chlordécone que tous les Martiniquais subissent dans leur chaire. Et quand on conteste, voilà ce qu'on subit
Elle a également donné des nouvelles du jeune homme qui a repris ses études cette année.
C'est difficile de récupérer. Au départ, je me suis dit qu'avec le temps ça irait mieux mais ça ne va pas mieux du tout. Au début, on était à chaud, dans le combat. Aujourd'hui, c'est encore plus difficile parce qu'il y a cette impunité. Il a du arrêter ses études parce qu'il ne voyait rien. Il est quand même resté défiguré pendant quelques années. Il a repris ses études en septembre là. Il a raté 3 ans d'études. Il a travaillé dans un lycée mais il était en arrêt toutes les 5 secondes. Il avait des migraines pas possible
Pour rappel, deux enquêtes, l'une menée par l'IGPN et l'autre par l'IGGN avait été lancées pour faire la lumière sur les actions des policiers et des gendarmes dans cette affaire.
À l'époque Renaud Gaudeul, ancien procureur de la République de Fort-de-France, avait estimé que l'arrestation de Kéziah Nuissier était légitime mais que les actes des forces de l'ordre n'étaient pas acceptables.
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