Clarisse Taron, procureure de la République : "Une enquête criminelle ouverte tous les deux jours"
Comme en 2022, la Martinique est encore frappée par une vague de violence armée. Pour la procureure de la République, la réponse passe aussi par un renforcement des services enquêteurs.
16 homicides ont été commis en Martinique depuis le 1er janvier 2023 dont 11 par arme à feu. Ce sont quatre de plus qu'en 2022 à la même période.
La circulation et surtout l'usage commun des armes à feu continuent de poser un problème de société majeur en Martinique. "C'est une tendance qu'on n'arrive pas à inverser, ni les forces de sécurité intérieure, ni moi. Pour autant, on ne baisse pas les bras", reconnaît Clarisse Taron, procureure de la République de Fort-de-France.
Si le travail de la justice commence après la commission des crimes et délits, "je peux espérer que la réponse pénale a des effets sur la non réitération ou la non commission des faits", confie Clarisse Taron. Un voeu pieux pour le moment.
Pour l'heure, les enquêtes sur les trois homicides par arme à feu perpétrés au mois de juin n'ont pas conduit à des interpellations. La justice reste très réservée sur les mobiles qui ont conduit à ces meurtres dans l'espace public.
"Ces meurtres qui ont été commis récemment. Je ne suis pas du tout encore en mesure, à ce stade de l'enquête, de vous dire, si tant est qu'on en a des auteurs, pourquoi les faits ont été commis. Et c'est le genre de choses qu'on ne saura qu'a posteriori, c'est à dire savoir quelle était l'origine et la motivation des auteurs des faits", prévient la procureure.
Renforts
Ce mardi matin, face à l'urgence de la situation, Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique tient une conférence de presse à l'issue d'une réunion avec les acteurs de la sécurité.
Dès la semaine dernière, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM et Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, ont demandé au gouvernement des renforts d'effectif pour épauler les services de police et de gendarmerie.
Les élus réclament notamment le retour de l'escadron supplémentaire de gendarmerie. Ces 70 gendarmes positionnés en Martinique avaient été largement déployés sur le territoire jusqu'au début du mois de mai. Depuis leur départ, 7 homicides ont été commis sur l'île.
"Je ne sais pas si c'est parce que l'escadron est parti qu'une personne a été en mesure de tirer à Dillon et de tuer deux autres personnes. Moi, je ne fais pas ce lien", conteste Clarisse Taron.
Pour autant, la responsable du parquet souhaite des renforts pour les services enquêteurs. "Je plaide pour plus de judiciaire. Si nous élucidons des affaires plus vite, si nous sommes en mesure plus vite interpeller des gens et de les incarcérer, nous pouvons espérer que ces personnes là, en tout cas, ne commettent pas d'autres faits", souligne-t-elle.
Et d'insister : "j'ai besoin d'enquêteurs et d'enquêteurs formés dans des affaires criminelles graves, parce qu'actuellement, pour parler de la division des investigations spécialisées au commissariat ou de la section de recherche de la gendarmerie, j'ai envie de dire "les pauvres". Ils prennent une enquête criminelle tous les deux jours".
Reste à savoir quelle sera la réponse du gouvernement dont les acteurs locaux attendent encore l'engagement signé sur le contrat territorial de sécurité.
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