Table Ronde sur la Vie Chère : vers un accord « historique »… ou pas
Après la table ronde d’hier qui a duré près de 9h, une nouvelle réunion doit se tenir aujourd’hui à 15h à la CTM pour parfaire les éléments du « document cadre » qui sera transmis au Gouvernement. Enjeux et perspectives.
Rien n'est gagné d'avance. Après plus de 9 heures de discussions et de débats apaisés comme voulu par Serge Letchimy hier, les différents participants à la 3ème Table Ronde sur la Vie Chère ont abordé les quatre axes prioritaires sur la faisabilité pour cette baisse des prix.
Tout est conditionné à l'application de tous les leviers en même temps. La Collectivité Territoriale de Martinique se prive d'une partie de sa recette d'octroi de mer. En parallèle, l’Etat réduit la TVA de 2,1% à 0%, comme à Mayotte ou en Guyane.
Dans ce schéma, il manque encore le geste de la grande distribution. Les différents acteurs se sont réunis plusieurs fois pour échanger sur l’effort qu’ils sont prêts à consentir.
À LIRE AUSSI 4 axes et 11 propositions pour faire baisser les prix
Les six groupes de la grande distribution se sont mis d'accord sur 43 familles d'articles. Sauf que la préfecture et la CTM demandent que cette loi soit étendue à 54 codes douaniers, soit plus de 6 000 produits de premières nécessité.
Le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) campe sur sa position et réaffirme que la baisse doit être appliquée sur tout l'alimentaire importé. Impossible, en l’état, selon les différents acteurs.
Des prix plafonnés ?
Hier, la requête des autorités a été reformulée, sans créer de blocage : il faudrait que les prix soient plafonnés à 10, voire 15% maximum, par rapport à ceux de l'Hexagone.
Stéphane Hayot, du groupe GBH, n'est pas fermé à y réfléchir.
Les plus petits distributeurs ont, quant à eux, déjà alerté sur leur situation si ce processus venait à être acté. Il faut savoir qu’un Ecomax ou un Mack2 n'héberge que 3000 produits. L’application du dispositif signifierait alors que tout le magasin serait concerné. Ce qui pourrait fragiliser sérieusement l’économie des membres de la petite distribution.
L’AMPI (Association Martiniquaise pour le Promotion de l’Industrie) a, pour sa part, déjà affirmé son désaccord, notamment sur la suppression de l’octroi de mer, afin, dit-elle, de protéger la production locale.
Hier, lors de cette 3ème table ronde sur la vie chère, la question de la mise en place d'une véritable continuité territoriale a de nouveau été mise sur la table. Cette décision ne peut être prise que par Emmanuel Macron et son gouvernement. Mais cette éventualité semble ne pas être à l'ordre du jour.
La suppression de la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) et l’instauration du Fonds de compensation de 11 millions d'euros dépendent également de l'État pour réduire les frais d'approche.
Aboutir à un accord
Pour tous, hier, la volonté affichée était de tout sceller dans le marbre et ne pas refaire les erreurs de février 2009.
Si un accord venait à être finalisé, les Martiniquais(es) devront attendre la fin d'année 2024, voire début 2025, pour payer enfin moins cher à la Caisse.
Les hypermarchés et supermarchés vont d'abord devoir écouler leur stock avant de proposer ce réajustement des prix.
Tout reposera ensuite, bien sûr, sur la validation du dispositif, ou pas, par le gouvernement.
L’accord pourrait être « historique », comme évoqué hier par les participants à la Table Ronde. D’autant que ce mécanisme pourrait, ensuite, être élargi aux autres territoires de l’Outre-Mer.
Mais l'optimisme quant à un éventuel aboutissement n'est pas partagé par tous les membres assis autour de la Table.
Une nouvelle rencontre est prévue ce vendredi à 15h pour lire et affiner le document d’engagement des acteurs.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.