L'annonce d'un fonds pour les entreprises impactées par les émeutes de 2024 reçoit un accueil mitigé
Manuel Valls l'avait annoncé en mars dernier, c'est désormais chose faite. Ce vendredi (8 août), un décret est paru au Journal Officiel et précise qu'une aide sera accordées aux entreprises impactées par les troubles et les émeutes liées à la lutte contre la vie chère à la fin de l'année dernière. Si les professionnels saluent ce coup de pouce, ils relativisent son impact réel.
D'abord les constats. Les pillages, les incendies et les pertes d'exploitations liées aux émeutes de 2024 ont impacté 140 entreprises, selon les chiffres de la CCI de la Martinique. Au total, la DEETS dénombre 100 millions d'euros de dégâts et 1 200 demandes de chômage technique. Face à cela, l'État propose des aides allant de 1 500 à 10 000 euros décaissées en octobre, puis une seconde tranche allant de 750 à 5 000 euros sera disponible en novembre 2025.
Si les autorités saluent ce coup de pouce, elles craignent qu'il ne soit pas suffisant pour sauver les entreprises les plus impactées par les émeutes. Franck Zaméo, président de la commission Entreprises à la CCI de Martinique regrette que cette aide arrive un peu tard par rapport aux dégâts.
Bien sûr, il faut aider le plus possible, mais certains auront des besoins supérieurs à l'aide proposée. Beaucoup d'entreprises sont en difficulté et ont procédé à des licenciements. Maintenant, nous attendons les éléments opérationnels de mise en œuvre, car il est clair que nous serons sollicités pour assister les entreprise pour qu’elles émargent au dispositif. Nous rappelons que cela fait 9 mois que la crise a eu lieu.
La sénatrice Catherine Conconne a assuré rester vigilante à la consommation des fonds ainsi qu'à leur répartition.
Le fonds est de 10 millions, la répartition devrait être équitable car il y a les entreprises qui ont été pillées, mais il y a aussi celles qui n’ont pas eu de chiffre d’affaires pendant plusieurs semaines. Maintenant il faut que toutes soient au rendez-vous et qu’elles aillent sur ce fonds, et je serai vigilante pour que les choses se fassent simplement et avec fluidité.
Joie mesurée des entrepreneurs
Par les temps qui courent, un peu d'air pour soulager des trésoreries en tension est toujours bienvenu. Cependant, à l'heure où les entreprises paient encore les conséquences de ces pertes, cette aide ne sera pas le miracle attendu pour celles qui ont été touchées de plein fouet.
Nicolas Cypria, gérant de Cash Converters à Fort-de-France estime que cette aide ne couvrira que 10% de ses pertes.
Nous avons moins de 50 salariés, nous faisons moins de 50 millions d’euros donc on pourra bénéficier de l’aide. Mais par rapport aux pertes, c’est faible. Nous avons 100 000 euros de pertes physiques et sur la fermeture et comme nous faisons du matériel d’occasion, nous devions refaire les rayons au fur et à mesure, donc pendant 5 ou 6 mois nous avons eu une grosse perte de chiffres d’affaires et nous n’avons pas pu refaire les stocks pour le mois de décembre. Cela a amplifié une dégringolade des chiffres. Alors, nous allons payer quelques factures, mais nous n’allons pas pouvoir redévelopper l’activité concrètement. Ca marque le coup, mais ça ne répond ni dans les sommes ni dans les délais.
Un avis partagé par les chefs de petites entreprises. Julien Caristan, gérant de la société Madis+ a été pillé le 10 octobre 2024 au Marin, ses pertes se montent à 50 000 euros.
Nous avons étalé les dettes et nous nous sommes séparés de certains collaborateurs. Plus de 50 000 euros de pertes, c’est compliqué, l’annonce de cette aide est bienvenue, 10 000 euros ça va aider mais pas compenser. On tiendra jusqu’au retour de l’activité normale.
Par ailleurs, les entreprises doivent composer avec un conjoncture économique globale plutôt morose, qui ne va pas dans le sens d'une croissance optimale de leurs activités.
L'exercice 2025 sera définitivement celui de la résilience.
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