Éruption du 8 mai 1902 : la tragédie aurait pu être évitée

Par 08/05/2018 - 09:57 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:38

L'éruption de la Montagne Pelée du 8 mai 1902 a tué 28 000 Pierrotins. Autant de Martiniquais qui aurait pu être sauvés si des intérêts politiques n'avaient pas pris le pas sur la vie humaine.

    Éruption du 8 mai 1902 : la tragédie aurait pu être évitée

Le 8 mai correspond à la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire de notre île, l’esclavage mis à part.

En effet, le 8 mai 1902 au petit matin, la plus grande et plus belle ville de la Martinique, Saint-Pierre a été rasée en quelques minutes.  Une catastrophe, et c’est là le plus grand drame, prévisible.

Car si l’éruption de la Montage Pelée a été très brutale, le plus jeune volcan Martiniquais a montré des signes d’activité dès 1899. Déjà à ce moment, des fumerolles émanaient des flancs de la Montagne. Mais c’est à partir de février 1902 que la Pelée entre vraiment en action. Pourtant rares sont ceux qui s’inquiètent. Malgré les manifestations de plus en plus violentes du Volcan : lahars brûlants, odeur de souffre, pluie de cendre, remontée d’eau bouillant, les autorités ont tout fait pour convaincre la population de rester dans la ville.

Elections législatives

À l’époque, Saint-Pierre était l’une des villes les plus actives et riches de la Caraïbe. Elle était même surnommée le "petit Paris des Antilles". Et puis surtout fin avril eut lieu le premier tour d’une élection législative. Le second tour était prévu le 11 mai. Louis Mouttet le gouverneur de l’époque s’était même installé à Saint-Pierre avec sa femme pour rassurer la population. Il s'agissait de convaincre les Pierrotins de voter. Sans le savoir 28 000 personnes s’étaient enfermées dans un piège mortel. Même le lahar d'eau bouillante qui emporte l'usine Guérin le 5 mai, même les serpents qui fuient la montagne pour se réfugier dans la ville, même la pluie de cendres qui s'abat sur le ville durant plusieurs jours ne suffisent pas à convaincre les autorités de faire évacuer Saint-Pierre. Le 8 mai 1902 à 7 h 52, le dôme de la pelée explose. Une nuée ardente dévale le lit la rivière blanche et brûle tout sur son passage avant d’achever sa course dans la mer à 1 kilomètre du rivage.

Deux survivants

La catastrophe n’a épargné que deux hommes. Louis-Auguste Cyparis, ouvrier de 27 ans, emprisonné quelques jours plus tôt,  ne doit sa survie qu’aux murs épais de son cachot. L’autre c’est Léon Compère dit Léandre. Un cordonnier qui vivait en bordure de la zone sinistrée. Tous les deux ont été grièvement brûlés. En outre des milliers personnes qui avaient eut la lucidité de fuir la ville et ses alentours quelques jours avant se sont retrouvés sans domicile fixe du jour au lendemain.

Ce premier bilan humain dramatique s'est alourdit quelques mois plus tard. En effet, la Pelée a continué d'être très active jusqu’au 30 août 1902. D’ailleurs, si on se souvient de l’éruption du 8 mai, celle du 30 août a aussi fait des morts. Près de 1400, au Morne Rouge, à Ajoupa Bouillon et à Basse-Pointe. De ville lumière Saint-Pierre est devenue ville martyre. Perdant même son statut de commune quelques années. Une histoire qui nous rappelle que la Martinique est parfois île fleur, parfois île volcan.