La longue route vers l'autonomie alimentaire
Atteindre l'autonomie alimentaire semble encore voeux pieux, tant la Guadeloupe dépend des importations pour se nourrir. Pour autant, ils sont de plus en plus nombreux à prendre des initiatives.
Dans la quête d'autonomie alimentaire, nombreux sont ceux qui se tournent vers la culture de leur propre potager, jardin. Pour répondre à ce besoin, Manuel Pierre a fondé "Eco Jardinier Tropical', avec pour mission d'aider chacun à cultiver sainement son autonomie. Aux côtés de sa mère, ingénieure agronome à l'INRA, Manuel a accompagné des agriculteurs vers la transition écologique avant de lancer son projet. Aujourd'hui, il partage ses connaissances avec les particuliers
Il y avait déjà le souci de la chlordécone qui poussait les gens à s'interroger sur leur alimentation et qui faisait que j'étais sollicité. Mais de plus en plus, par rapport aussi à la vie chère, par rapport à pas mal de problématiques que nous voyons aujourd'hui, on s'interroge sur ce que l'on mange, comment on le mange et à quel prix on le mange. Donc, effectivement, de plus en plus, cette question de l'autonomie alimentaire revient sur la table pour toutes les raisons que j'ai évoquées. L'autonomie alimentaire, ça prend en compte pas mal de choses. Ça prend aussi en compte nos habitudes alimentaires qu'il faut parfois modifier pour pouvoir s'alimenter plus de ce qu'on va retrouver chez nous. Mais effectivement, le premier pas vers l'autonomie alimentaire, en tout cas, le pas le plus significatif, c'est le jardin, c'est la terre, c'est de planter pour cultiver sa propre nourriture
Respect de la saisonnalité
Aujourd'hui, de nombreux défenseurs de la culture durable misent sur les circuits courts, de l’agriculteur au consommateur, et sur la saisonnalité des fruits et légumes, notamment à travers des paniers de produits locaux. Steeve Salim, fondateur de "Guadeloupe Forever" un groupement de producteurs locaux, et initiateur de la charte "Natirel Péyi" — qui promeut une agriculture sans pesticides — en a fait son cheval de bataille.
On ne pourra pas parler d'autosuffisance alimentaire si on veut manger les mêmes choses toute l'année. C'est impossible. Dans ce sens-là, j'ai créé un calendrier de saisonnalité qui a été soutenu par certains institutionnels, le département, où on distribue gratuitement des calendriers de saisonnalité aux enfants pour qu'ils puissent connaître leur saison et savoir qu'est-ce qu'on peut manger avec ça. On travaille aussi avec les maisons d'insertion en leur proposant des interventions et prouver aussi que dans nos assiettes, ces fruits et légumes étaient sexy parce qu'on a créé un restaurant qui s'appelle le Comptoir du Local, où il y a des chefs qui passent tous les week-ends pour pouvoir montrer qu'on peut faire des choses qu'avec des produits locaux et qu'on arrive à cuisiner de façon gastronomique
Après un pic à 1000 paniers par semaine durant le Covid, Steeve Salim et ses associés distribuent 600 paniers par semaine.
Jardins pédagogiques
Le mouvement KBM (Ka Pou Nou Bwè é Manjé), issu du LKP en 2009, souhaite également apporter sa contribution pour atteindre une véritable "souveraineté alimentaire" dans une société émancipée, apaisée et harmonieuse. Mais comment avancer quand la question de la souveraineté alimentaire est étroitement liée à celle du foncier ? Reconquérir , préserver les terres agricoles, diversifier les usages, ou encore soutenir la relève des jeunes agriculteurs. Et plus largement, susciter une prise de conscience collective. C'est ce que préconise Claude Poullet, membre du bureau de KBM.
Il y a le problème du foncier et le fait qu'il faut absolument maintenir le foncier pour produire ce qui est au départ le point de base, c'est-à-dire l'aliment, l'alimentation, mais aussi de croire être en harmonie avec la nature. Par exemple, une forêt, c'est essentiel. Donc, le problème du foncier, il se pose, mais c'est la conséquence du système. De plus en plus, on construit, on construit, il ne faut pas. D'où les problèmes d'inondation et tout ce qu'on a actuellement. On utilise le foncier non pas comme un moyen de produire, on met comme un financement pour faire de l'argent. Mais nous disons, a contrario, commençons par produire partout où c'est possible
Claude Poullet plaide pour des jardins pédagogiques
Pour montrer que c'est possible dans une autre Guadeloupe d'avoir non seulement l'autosuffisance, par exemple, à Trois-Rivières, on met l'accent sur la banane, mais dans une région qui est moins polluée en clore d'école, il en existe. On va faire des ignames, on va faire des malanga, tout ce qui est dans la terre. À partir de ça, on va permettre justement que le collectif joue pleinement son rôle
Ecoutez le reportage de Lynda Cayarcy :
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS GUADELOUPE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.