Chlordécone : l'association Vivre Guadeloupe appelle à poursuivre le combat

Par 13/03/2025 - 09:08

La Cour administrative d’appel de Paris a reconnu la responsabilité de l’État dans l’exposition au chlordécone. Une avancée pour les victimes, mais un chemin encore long selon l’association Vivre Guadeloupe, mobilisée sur le terrain.

    Chlordécone : l'association Vivre Guadeloupe appelle à poursuivre le combat
Réunion du mercredi 12 mars, association Vivre Guadeloupe @Lynda Cayarcy

À la médiathèque du Lamentin, hier (12 mars), l’association Vivre Guadeloupe a organisé une réunion d’information après la récente décision rendue par la Cour administrative d’appel de Paris. La juridiction a confirmé que l’État avait commis une faute en autorisant la vente d’insecticides à base de chlordécone, et a jugé qu’il devait indemniser les victimes démontrant un préjudice moral d’anxiété.

Mais pour Patricia Chatenay-Rivauday, vice-présidente de l’association, cette décision ne marque pas la fin du combat :

Ce ne sera jamais une victoire en demi-teinte, parce que d'où nous partons, c'est forcément une victoire pour cette petite association. Nous avons déjà eu 1 286 plaignants qui se sont joints à nous en septembre 2019. Nous avons eu un premier jugement en juin 2022, qui a clairement sanctionné l'État pour négligence fautive et faute caractérisée. 

Réunion Vivre Guadeloupe

Un combat juridique, mais aussi environnemental et sanitaire

Au-delà de l’aspect judiciaire, Vivre Guadeloupe insiste sur l’urgence à poursuivre la sensibilisation autour du chlordécone et des biocides en général, toujours présents dans l’environnement selon l’association.

Ces substances, cancérogènes ou perturbateurs endocriniens, continuent de polluer nos eaux, notre faune, notre flore, mais surtout d’impacter la santé de la population. Aujourd'hui, en mars 2025, neuf familles pourront prétendre à une indemnisation. C’est une étape, mais notre mission continue pour toutes les autres victimes.

Un appel à la jurisprudence

L’association voit dans cette décision un précédent juridique important, susceptible d’ouvrir la voie à d’autres actions.

On va faire jurisprudence avec ce jugement. Pourquoi ? Parce que le préjudice corporel est carrément mis en avant, et pas seulement pour le chlordécone. Cela peut désormais concerner toutes les formes de pollution. La procédure d'action collective conjointe va continuer. Nous irons au Conseil d’État, et s’il le faut, à la Cour européenne des droits de l’homme.

Une réparation encore incomplète pour les victimes

Réunion Vivre Guadeloupe

Présent à la réunion, Maître Christophe Lèguevaques, avocat des plaignants, a tenu à clarifier les enjeux liés à la notion de préjudice moral d’anxiété, désormais reconnue dans cette affaire.

 92 % de la population a été exposée au chlordécone, c’est l’État lui-même qui le reconnaît. Et on sait que le chlordécone entraîne des conséquences délétères pour la santé. Mais la Cour d’appel reste très restrictive : seuls les cancers de la prostate et certains troubles féminins sont aujourd’hui pris en compte. C’est une injustice supplémentaire, et c’est pour cela que nous devons continuer le combat. Il faut obliger l’État à prendre ses responsabilités pleinement et faire reconnaître l’ensemble des pathologies liées à cette pollution. 


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