Homicides et violences sexuelles en hausse : le dur bilan de la criminalité en Guadeloupe

Par 22/02/2024 - 18:04 • Mis à jour le 23/02/2024 - 10:51

36 homicides en 2023, hausse de 63% des signalements de violences sexuelles. Ce sont quelques chiffres qui tracent le contour du bilan de la délinquance en Guadeloupe en 2023.

    Homicides et violences sexuelles en hausse : le dur bilan de la criminalité en Guadeloupe

Dresser un bilan de la délinquance en 2023 et évoquer les perspectives de lutte contre cette dernière, tel était l’objet d’une conférence de presse des services de l’état tenue ce matin en préfecture.

Malheureusement l’année dernière a une nouvelle fois été marquée par la violence sur notre territoire et notamment les homicides en hausse. Tout comme les vols à main armés, signe que la circulation des armes gangrène encore l’archipel.

Xavier Lefort, préfet de Guadeloupe, évoque un bilan en demi-teinte.

Il y a des résultats positifs. Je pense notamment à la sécurité routière. Mais aussi à ce qu'on appelle les atteintes aux biens. On constate effectivement que la situation parfois s'est améliorée ou, de manière générale, s'est stabilisée. Et puis, on a des résultats qui ne sont pas bons. Il faut qu'on se dise en matière de vols à main armée, en matière d'atteinte à l'intégrité physique des personnes, notamment sur le plan crapuleux, sur la partie violences intrafamiliales, violences conjugales, on considère que le phénomène est contenu. Mais évidemment, on ne peut pas s'en satisfaire. On a une question et on en a débattu tous ensemble pendant 1 h et demie : c'est la détention et la circulation des armes. Ce qui explique effectivement aussi la violence et la violence physique, l'existence de vols à main armée qui finissent souvent d'ailleurs dans des drames, mais avec un nombre d'homicides évidemment très très important

18 des 36 homicides commis en Guadeloupe l'ont été par arme à feu. L’objectif prioritaire en cette année 2024 reste donc la lutte contre la circulation des armes à feu pour les autorités. Et pour y parvenir, l’une des réponses apportée est pénale. Des condamnations sévères et rapides seront appliquées, pour les porteurs d’armes létales.

Caroline Calbot, la procureure de la République de Pointe-à-Pitre a réitéré la volonté de fermeté du parquet

Les dernières audiences de comparutions immédiates où plusieurs dossiers ont été portés devant le tribunal, donc très rapidement après les faits, sont un exemple. Il s'agissait de dossiers de violence avec arme pour lequel le tribunal a condamné les auteurs à 18 mois d'emprisonnement pour des faits de détention, de port d'arme ou de violation de l'interdiction de port d'arme pour lequel l'auteur, qui était en récidive légale, a été condamné à trois ans d'emprisonnement, assortis d'un mandat de dépôt ou d'un maintien en détention. Il est important de dire que derrière l'action des services de police, avec le contrôle des porteurs d'armes, il y a une réponse judiciaire qui est immédiate et qui est très ferme.

Constat sur le terrain

Du côté des forces de Gendarmerie, le constat est clair, l’année 2023 fut particulièrement intense en matière de délinquance. Illustration avec ce chiffre : les atteintes à l’intégrité physique des personnes ont été en hausse de 26% par rapport à 2019, année qui sert de référence.

Jean-Pierre Rabasté, commandant en second de la gendarmerie de Guadeloupe, confie ses observations

L'année 2023 a été marquée par une assez forte délinquance avec des pics sur la délinquance générale, la délinquance globale. On constate des pics d'augmentation dans certains qu'on appelle des agrégats les violences, les violences intrafamiliales, les atteintes aux biens avec les vols à main armée, les homicides. On a trois ou quatre domaines où on a vraiment une augmentation de la délinquance. On a aussi la violence, bien sûr, routière. On a une augmentation des infractions routières, on a une augmentation des contrôles, donc ça va de pair

En Guadeloupe, en 2023, il y a eu quasiment autant de victimes d'homicides (36) que de morts sur les routes (38).

Violences sexuelles en hausse

Parmi les violences en augmentation on note aussi la hausse des violences sexuelles au cours des cinq dernières années. Leur nombre grimpe de +63% par rapport à 2019, soit 202 faits en plus. Concernant ces faits et les variations statistiques, deux grilles de lecture peuvent s'appliquer. C'est en tout cas l'analyse d'Eric Maurel, procureur général de la Guadeloupe.

Est-ce que ça veut dire qu'il y a plus de violences sexuelles en Guadeloupe ? Ça, c'est la version pessimiste. Et si on a la version optimiste, ça veut dire que, selon la formule consacrée maintenant, que la parole des femmes se libère. Ces dernières passent les portes des commissariats et des gendarmeries pour aller porter plainte. Donc moi, j'ai envie d'être dans la version optimiste et d'encourager d'ailleurs les femmes à dénoncer toutes les formes de violences dont elles sont l'objet. On voit bien qu'actuellement, dans le monde du cinéma, des femmes ont le courage de porter plainte, de révéler des faits contre des personnalités extrêmement célèbres dont le poids médiatique et artistique est très important. Il faut que les femmes guadeloupéennes, les jeunes filles guadeloupéennes sachent qu'il n'y a pas d'impunité et que, quelle que soit l'importance, le rôle, le statut de l'agresseur, la justice passera


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