Mangoustes, un pouvoir de nuisance insoupçonné
Les mangoustes font désormais partie du paysage local. Pourtant, ce petit mammifère importé sur le territoire, est à l'origine de la disparition de nombreuses espèces endémiques. L'animal fait même partie des espèces les plus envahissantes de la planète. Les scientifiques ont lancé un signal d'alarme.
Ce mammifère, au même titre que tous les autres mammifères non-volants de Guadeloupe, est une espèce importée par l’être humain. Dans le cas de cette mangouste, appelée « Urva auropunctata », elle a été volontairement introduite en 1887 pour lutter contre un invasif ravageur des plantations : le rat noir. Toutefois, l'animal apportera son lot de nouveaux problèmes pour les îles de Saint-Martin, de la Martinique, de la Guadeloupe et même de Marie-Galante.
En effet, il figure au menu de cet animal opportuniste de nombreuses proies, comme les reptiles, les amphibiens, les insectes, les arachnides, les escargots, les petits mammifères et quelques oiseaux, mais aussi certaines plantes. De nombreuses dégradations de la faune locale lui sont attribuées depuis son arrivée sur les îles : l’extinction du reptile Ameiva cinera, la quasi-disparition de deux couleuvres et la raréfaction de nombreuses espèces d’oiseaux nichant au sol. Ici ne sont dépeints que les effets négatifs sur des espèces étudiées, mais il est évident que les dégâts se répartissent sur un bien plus grand nombre d’espèces.
L'une des espèces les plus envahissantes de la planète
Considérée comme une des espèces animales les plus envahissantes du globe, la mangouste a colonisé plus de 60 îles à l’heure actuelle et des mentions récentes font état de populations continentales comme dans l’Est de l’Europe. Une étude du début de l’année a mis en relation l'accroissement des zones où la mangouste peut se développer et la hausse des températures dues au réchauffement climatique. Le résultat est sans appel : l’invasion de la petite mangouste devrait donc augmenter avec le temps. Les scientifiques lancent donc un signal d’alarme aux gouvernements pour lutter au plus vite contre cette espèce dont l'impact est trop souvent sous-estimé.
Des mesures pour limiter la propagation de l'animal
Ainsi, de 2001 à 2002 sur l'îlet Fajou, une série de piégeages ont été mis en place par le Parc national de la Guadeloupe sur un conseil scientifique de l’INRA, l'Institut National de la Recherche Agricole. Cette mesure s’est révélée particulièrement efficace puisque la première année a vu l’intégralité de la population de mangoustes disparaître de l’îlet. Cela a permis de stopper la destruction des nids de tortues imbriquées, réamorçant une hausse du succès de reproduction, très lié à cet îlet pour cette espèce. L’effort se poursuit en 2018-2019 à Port Louis sur deux sites privilégiés de pontes de tortues, mené par l’ONF avec le support de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement).
Avec un taux de succès encore une fois élevé, ces opérations ont prouvé que la lutte était possible sur des sites de surface restreinte. Reste à savoir si ces mesures permettront d’atteindre l’ensemble de la population guadeloupéenne et de réduire l'impact des mangoustes sur la faune et la flore locale.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS GUADELOUPE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.