Bumidom : une mémoire migratoire exposée aux Archives de Gourbeyre
Une exposition retrace l’histoire des départs massifs d’Antillais, Guyanais et Réunionnais vers l’Hexagone entre les années 60 et 80. Un pan douloureux de l’histoire ultramarine, parfois marqué par les désillusions.

Le vernissage de l’exposition « Histoire d’une migration, les années Bumidom » s’est tenu jeudi soir aux Archives départementales de Bisdary à Gourbeyre, en partenariat avec l’association Archipelago et le concours du Conseil Départemental.
L’exposition est ouverte au tout public jusqu’au 28 juin prochain.
Elle retrace l’histoire du Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer), un dispositif qui, entre les années 1960 et 1980, a conduit près de 200 000 ultramarins à s’installer en France hexagonale, souvent dans des conditions difficiles.
Pour Patrick Semiramoth, co-commissaire de l’exposition aux côtés d’Ingrid Dumirier, il est essentiel de faire mémoire de cette migration forcée, trop longtemps reléguée au silence.
Lorsqu'on est issu d'une histoire, quelle qu'elle soit, parfois on éprouve le besoin de l'interroger pour trouver sa place dans la société. Moi, c'est cette histoire qu'il m'a fallu interroger pour trouver une forme d'équilibre. Nos sociétés, nos vécus, sont encore marqués par cette histoire migratoire. L’histoire massive des départements d’outre-mer vers l’Hexagone commence à ce moment-là. Et depuis, ça n’a jamais cessé. Le constat est clair : notre population diminue, nos jeunes partent, reviennent difficilement. C’est une histoire qui perdure encore aujourd’hui. D’où l’intérêt d’en parler.
Des récits personnels résilient
Au-delà des chiffres, l’exposition donne aussi la parole aux témoins de cette migration, comme Charlyse Curier, qui a elle-même vécu cette expérience et en a fait un récit autobiographique intitulé « Mon aventure avec le Bumidom ».
Son témoignage montre l’ambivalence de cette période, entre espoir, abandon et parcours semé d’embûches.
C’est mitigé, bien sûr, parce que j’estime que j’ai été lâchée par le Bumidom. À partir du moment où on m’avait lâchée à Paris, on ne s’est plus occupé de moi. Et bizarrement, j’ai pu travailler à l’ANT des années après en tant qu’assistante de direction. J’ai des bons souvenirs, mais je me dis que c’est parce que j’ai fait une bonne rencontre sur le bateau. Si j’avais fait une mauvaise rencontre, j’aurais pu être sur le trottoir.
Charlyse Curier rappelle que de nombreuses femmes migrantes ont sombré dans la précarité, voire la prostitution, faute d’encadrement à leur arrivée. Elle estime avoir eu de la chance grâce à son niveau scolaire et à l’aide d’une famille d’accueil.
Heureusement, une famille m’a hébergée, et avec mon bon niveau scolaire, j’ai trouvé du travail.
À travers cette exposition, les organisateurs souhaitent réhabiliter cette histoire collective et inviter le public à réfléchir aux effets durables de cette migration sur les trajectoires individuelles et les dynamiques démographiques actuelles.
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