Au Centre des Arts, les artistes du Kolèktif Awtis Rézistans se préparent à plier bagage
Les engins de chantier vont bientôt prendre possession du Centre des Arts. Le mythique espace culturel va ressusciter après des années d'imbroglio. Les artistes qui se sont mobilisés pour s'assurer de la survie du site quitteront bientôt les lieux, non sans un pincement au coeur
Le 15 septembre prochain, les artistes du Kolèktif Awtis Rézistans devront quitter le Centre des Arts Maryse Condé pour rejoindre un nouvel espace au Morne Vergain, aux Abymes. Après quatre années de mobilisation, Cap Excellence s’apprête à lancer les travaux de rénovation du Centre des Arts.
Durant ces 50 mois de résistance, des milliers de visiteurs ont découvert un laboratoire créatif unique, né de la ténacité des artistes, de l’engagement des bénévoles et du soutien citoyen, associatif et entrepreneurial.
Ce matin, les artistes se sont exprimés devant la presse sur cette page qui se tourne, tout en affichant leur vigilance quant à l’avenir du nouveau Centre des Arts.
Parmi eux, la chanteuse Florence Naprix, membre du Kolèktif Awtis Rézistans, liste ses exigences :
On va être vigilant sur un certain nombre de choses. Les travaux dans la salle de spectacle d'abord. On va s'assurer que la salle de spectacle respecte tous ces besoins qui sont les nôtres quand on est un artiste et qu'on se produit sur scène. Il fut un temps où la cabine de l'ingénieur du son, par exemple, était située à un endroit qui n'était pas du tout approprié. On va se pencher sur des questions aussi techniques que celle-ci. Est-ce que là, l'ingénieur du son est dans un endroit qui lui permet de gérer correctement le son pour qu'à la fois les artistes sur scène et le public dans la salle puissent en profiter pleinement ? On va être vigilant, surtout sur la destination du bâtiment. Il nous faut des lieux de création. Il nous faut des lieux de rencontres. Il nous faut des lieux d'exposition. Il faut toutes ces choses-là
Un regret demeure toutefois : l’absence d’une vision commune, cohérente et complémentaire en matière de politique culturelle globale de la part des élus. C'est ce que déplore Laurence Maquiaba, également membre du collectif :
On était rentrés avec une motivation, c'était d'avoir une rencontre État, région, département et les EPCI, parce que dans nos métiers, on l'a essayé de faire par les voies légales, de déposer des dossiers, de faire des propositions, de porter des choses et ke nou ka rété la konkomm san grenn. Au bout de quatre ans, on se rend compte qu'ils sont dans l'incapacité, pour une question aussi importante que la culture en Guadeloupe, de s'asseoir autour d'une table pour qu'on puisse évoquer une vision commune, cohérente, complémentaire sur le territoire et de sortir quelque part de la culture comme un objet de concurrence entre la région et le département entre telle mairie et une autre mairie, entre les EPCI. Parce que derrière, il y a des artistes qui vivotent, parce qu'on n'arrive pas à penser la culture comme un domaine qui est là tout le temps, tout au long de l'année
Nouveau lieu et mémoire numérique
Le nouveau lieu qui abritera les artistes du collectif ne sera clairement pas comme le centre des arts comme l'explique Laurence Maquiaba.
Ce ne sera pas la même chose parce qu'on ne pourra pas recevoir le public aussi facilement dans ce bâtiment. Mais ce qui nous intéresse, c'est vraiment le côté où on va pouvoir travailler. Parce que très souvent, les gens pensent aux artistes au moment seulement où ils sont sur scène, au moment de la monstration quand on est peintre, alors qu'il y a tout un travail au préalable qui est tout aussi éreintant, qui est très, très long et qu'on a du mal à porter pour aller plus loin, justement. Donc, ça va nous permettre de trouver un espace où réfléchir à notre écosystème entre nous et les filières, mais aussi à créer des projets particuliers de chacun. Et donc, c'est dans ce sens-là qu'on le vit. Cap-Excellence nous a déjà dit qu'on pourra customiser les murs, donc c'est déjà une chose de bien. On pourra peut-être recevoir sur des événements le public pour des vernissages. On sait qu'on va pouvoir retrouver le public à un moment, mais pour nous, c'est important de se dire qu'on est à une autre étape où on a servi la culture. Là, maintenant, on va aussi penser à nos projets particuliers pour aussi faire grandir la culture, mais dans des projets personnels, parce qu'on n'a jamais été dans quelque chose d'individuel quand on était ici
Enfin, le collectif a précisé que plusieurs œuvres murales seront conservées. Celles encore en bon état seront numérisés. Un travail de mémoire essentiel
Cap-Excellence a reconnu que ces quatre ans, ça a fait partie de l'histoire du Centre des Arts au même niveau que Miles Davis ici. On est tombé d'accord sur la numérisation parce qu'on ne peut pas conserver les œuvres techniquement comme ça. Elles vont de toutes les façons s'abîmer parce que les murs n'ont pas été préparés pour ça. Ça va être numérisé et ensuite, on va les retrouver à d'autres endroits. Hors, les murs, peut-être à certains endroits dans le bâtiment. En tout cas, on est en train de travailler sur ces questions-là, mais on a déjà obtenu que tout soit numérisé pour qu'on garde la mémoire du bâtiment
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