Une mission océanographique d'envergure dans les Caraïbes

Par 27/04/2017 - 12:06 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:11

Une mission océanographique de grande envergure est annoncée dans nos eaux et dans tout le bassin caribéen à compter du 6 mai prochain et jusqu’au 25 juin. Son objectif : rechercher d’anciens ponts terrestres ayant permis la migration d’espèces entre les Amériques à travers l’espace ouvert des Caraïbes, il y a plus de 5 millions d’années. Plus de trente scientifiques sont attendus à Pointe-à-pitre.

    Une mission océanographique d'envergure dans les Caraïbes

Le projet GARANTI a pour objectif d’étudier ces mouvements verticaux en remontant plus encore dans le temps, jusqu’à 65 millions d’années, à une époque où l’arc volcanique des Antilles se trouvait 200 à 300 km plus à l’ouest d’Aves. Cette période revêt un intérêt particulier car elle correspond à un moment où des faunes de mammifères d’Amérique du Sud ont pu envahir les Antilles puis évoluer en espèces endémiques, comme le fameux rat géant qui a vécu dans les îles de Saint-Barthélémy, Saint Martin et Anguilla.

Les objectifs de cette campagne océanographique seront donc de comprendre comment, où, quand, et durant combien de temps des territoires émergés ont pu exister pour permettre à des espèces Sud-Américaines, végétales et animales, incapables de traverser des bras de mer significatifs, de migrer vers les Grandes Antilles, puis de se retrouver isolées sur des îles au point de subir une très forte spéciation et de générer des espèces endémiques géantes. Cette campagne s’inscrit dans un programme plus vaste démarré il y a plusieurs années à terre et en mer. Un important effort d’exploration à terre et en mer est actuellement en cours pour répondre aux nombreuses questions que se posent les géologues et les paléontologues.

Pendant 51 jours du 6 Mai au 25 Juin les scientifiques et les marins embarqués à bord de L’Atalante pour la campagne GARANTI* vont acquérir près de 1200 km de profil de sismique grand angle, une technique qui à l’aide de stations sismologiques sous-marines autonomes permet de révéler les grandes structures de la croûte terrestre. Dans un second temps, ce sont plus de 3000 km de profil de sismique réflexion et diverses autres techniques d’imagerie géophysique sous-marine qui seront acquis pour explorer de façon détaillée l’organisation tectonique et sédimentaire des bassins et des rides.

Enfin, une dernière étape d’échantillonnage géologique permettra de  récupérer des roches des formations sédimentaires et volcaniques qui apporteront des informations complémentaires sur les anciens environnements et sur l’activité volcanique passée. Les formations géologiques feront l’objet de datations absolues précises. Car si l’homme a pu investir les îles antillaises  il y a seulement quelques 1000 ans grâce à ses bateaux, les ancêtres du rongeur géant Ambirisa ont apparemment pu le faire à pied sec bien avant.


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