[EN IMAGES] Une première reproduction de coraux en Martinique porteuse d’espoir

Par 30/08/2023 - 12:00 • Mis à jour le 30/08/2023 - 16:25

Le 5 août dernier, pour la première fois, une reproduction du corail corne de cerf, en voie de disparition dans nos eaux et réintroduit par l’homme en 2019 à Sainte-Luce, a été observée. Cet événement suscite de réels espoirs. Notre journaliste s’est rendue sous la mer pour suivre les équipes en charge du projet « Acropora ». Reportage, en immersion.

    [EN IMAGES] Une première reproduction de coraux en Martinique porteuse d’espoir
Les boutures de coraux sont étudiées par l’Asso-mer avec le concours de trois clubs de plongée (Natiyabel, Kawan et Kariba)..

C’est un projet de longue date mais qui a porté ses premiers fruits le 5 août dernier. Un phénomène remarquable pour les équipes qui suivent et surveillent nos coraux, ces animaux marins, aussi appelés polypes, indispensables à la vie sous-marine.

Ce jour-là, pour la première fois, des coraux Corne de Cerf réintroduits en 2019 dans leur habitat naturel ont entamé une reproduction sexuée. Un événement porteur d'espoir pour la préservation de nos écosystèmes marins fragiles et menacés.

Ce projet de reproduction de coraux et plus précisément d’« Acropora Cervicornis », autrement dit corail corne de cerf, est le seul projet de ce type en Martinique. Il constitue un enjeu très important car le corail corne de cerf, aujourd’hui en voie d’extinction, constituait avant les années 90 une espèce dominante de la biodiversité des récifs. Il servait d’habitat, de nurserie mais aussi de barrière naturelle lors des intempéries.

Corail corne de cerf

À cause de la maladie, un fort déclin de l’espèce a été observé, au point que les spécialistes pensaient l’espèce disparue de nos eaux.

Entre 2013 et 2015, une souche du corail corne de bœuf est identifiée du côté de la presqu’île de la Caravelle. La DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a démarré un projet de bouturage de l’espèce, qui été initialement mise en nurserie au Diamant.

Un travail long mais essentiel

Le projet a ensuite grandi. Les boutures ont été déplacées sur trois sites de la caye de Sainte-Luce, dans la réserve marine Waliwa. Elles sont maintenant étudiées et entretenues par l’Asso-mer avec le concours de trois clubs de plongée : Natiyabel, Kawan et Kariba.

Louise Chourot, chargée de mission science participative et appui aux projets scientifique à l’Asso-mer, explique en quoi cela et l’utilité d’une telle démarche.

La première étape de ce suivi mensuel, c’est de mesurer les coraux, ce qui nous permet d’évaluer leur développement. Comme on mesurerait une plante, on va mesurer chaque branche de certaines colonies qu’on a choisies pour être suivies pendant une période d’1 an. Ce qui va nous donner une moyenne de croissance. Et on fait aussi une moyenne de l’état de santé. Pour l’instant, l’objectif, c’est de développer des projets de recherches sur nos types de boutures et comprendre comment on va pouvoir les réensauvager, notamment sur les analyses génétiques qui vont nous permettre d’évaluer la diversité génétique et de comprendre combien de souches nous avons sur les coraux. Le suivi de croissance nous permet d’évaluer si l’endroit suivi est adapté.

Pour que les boutures soient pérennes, l’entretien doit être constant et réalisé selon un protocole précis. Chaque mois, Louise Chourot, chargée de mission science participative et appui aux projets scientifiques à l’Asso-Mer, effectue un suivi de routine pour contrôler l’évolution des boutures.  

A ECOUTER Le reportage d'Yva Gelin à Grand Caye ouest (Sainte-Luce), réserve marine Waliwa

La première ponte observée il y a deux semaines constitue de vrais motifs d’espoir. Louise Chourot décrit cette phase de reproduction du corail.

Ce qu’on appelle ponte, c’est le lâcher de gamètes males et femelles par les polypes. Cela se présente sous la forme de petits sachets et cela ressemble à des œufs. Les petits sachets vont monter en surface et c’est là qu’il va y avoir la reproduction. Une gamète de la colonie A va rencontrer une gamète de la colonie B et se féconder. Ensuite, ça va devenir une larve qui va migrer. Elle va développer un cil pour pouvoir se diriger dans la mer et ensuite s’installer dans un récif. En s’installant, elle va développer sa première couche de squelette calcaire pour pouvoir tomber au fond du récif et s’accrocher au fond d’un rocher.

Un processus lent mais qui porte ses fruits et auquel Alex Dobat, gérant du centre de plongée Natiyabel participe depuis le début.

C’est important car l’étendue des coraux diminue. J’ai eu le temps de le voir car cela fait un moment que je suis dans l’eau. Il faut se bouger pour sauvegarder un minimum et revenir à des quantités de coraux plus importantes car le corail protège la baie, il donne à manger aux poissons donc il y a tout un tas de raisons pour supporter ces projets-là car j’espère qu’il y en aura plusieurs. Cela va très lentement mais je comprends qu’on ne fasse pas faire n’importe quoi. Il faut une volonté politique. Je vois le travail que font les jeunes, c’est énorme ce qu’ils font par rapport à la survie du Corail sur les DOM (départements d’Outre-Mer). Le corail s’est acclimaté, il se reproduit déjà tout seul et c’est super important 


En images



Tags

À lire également