"Soif de justice", le rapport qui alerte sur l'inégalité face à l'accès à l'eau dans les Outre-mer
Le document développe l'angle de la discrimination dans l'accès à l'eau potable subie pour les habitants des territoires ultramarins. Ses signataires espèrent qu'il atteindra les Nations Unies.

Une action inédite pour dénoncer les difficultés d'accès à l'eau en Outre-Mer est initiée ce lundi. Une vingtaine d'associations de tous les territoires co-signent un rapport intitulé “Soif de justice”.
Il alerte sur la discrimination subie par les Ultramarins dans l'accès à cette ressource vitale. Le rapport demande en priorité une réponse d'urgence, la reconnaissance politique de la responsabilité de l'État, le déblocage de moyens financiers réguliers et la refonte de la gouvernance de l'eau en Outre-Mer, mais il veut surtout alerter le grand public et les autorités à l'échelle nationale sur un enjeu primordial pour Emma Feyeux, responsable des sujets d'inégalités environnementales au sein de l'association “Notre Affaire à Tous”, qui a coordonné ce rapport.
Pourquoi est-ce que les choses ne bougent pas ? C'est à cause du silence autour de ce sujet-là. Donc, silence politique, silence du grand public, silence d'une partie des médias, notamment nationaux. On a une mise sous cloche d'un sujet qui, pourtant, touche 3 millions de personnes au quotidien avec des atteintes aux droits fondamentaux qui sont extrêmement graves, et notamment pour les enfants qui vivent sur ces territoires
Le document sera transmis à l'organisation des Nations Unies :
Ce rapport a vocation à alerter les autorités publiques. Il va également être transmis aux Nations Unies et au rapporter spécial qui s'occupent des sujets d'accès à l'eau potable au niveau des Nations Unies pour que la situation soit enfin comprise pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une discrimination environnementale entre les territoires ultramarins et le territoire hexagonal. On n'est pas face à une fatalité ou à un manque de chance ou à un problème isolé. C'est un sujet qui remet en question notre conception d'égalité nationale
Un rapport qui doit compter
Pour les membres de "Notre affaire à tous", ce rapport n'est pas juste un rapport de plus.
Les constats qu'on porte dans le rapport et les documentations des problématiques sont des constats qui ont déjà été faits par des rapports institutionnels, académiques, associatifs. Les deux grandes plus values de ce rapport-là sont d'abord sa dimension collective. C'est une coalition inédite d'associations entre plusieurs territoires ultramarins pour justement montrer qu'on n'est pas face à des situations isolées, mais que partout, on retrouve les mêmes problématiques. Et également, l'autre grande plus value, c'est ce travail juridique de caractérisation de la situation en tant que discriminatoire, pour encore une fois comprendre la situation vraiment pour ce qu'elle est
Il faut marteler ce message pour Pierre Gallet de Saint-Aurin, animateur de la commission juridique de l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Martiniquais (ASSAUPAMAR), qui a participé au rapport.
C'est comme quand on veut arrêter de fumer, chaque démarche compte et on ne sait pas quelle est celle qui va déclencher. Nous sommes dans une situation qui est insupportable et toute démarche pour rendre la situation visible ou pour interpeller les interlocuteurs est utile. Laquelle va gagner ? Bien que la meilleure gagne. Il y a des procédures qui sont faites comme celle-ci en termes de communication qui peuvent devenir opérationnelles. Il y a eu des mises en demeure faites par les Nations Unies dans d'autres cas ou qui peuvent aboutir à un éveil des conscience, une mobilisation des moyens, peut-être une priorisation. Nous, société civile, il faut que nous nous emparions du sujet. On ne peut pas le laisser simplement ronronner. On revient de tellement loin qu'il y a des marges de progrès très importantes et certaines ont été mises en mouvement. Qu'on continue