Attaques coordonnées de prisons, les surveillants ultramarins expriment leur inquiétude

Par 18/04/2025 - 05:01

Alors que plusieurs établissements pénitentiaires de l’Hexagone ont été attaqués en quelques jours, les surveillants ultramarins sont inquiets face à une situation devenue anxiogène.

    Attaques coordonnées de prisons, les surveillants ultramarins expriment leur inquiétude
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Jusqu'ici, c'est un fait inédit. Dans la nuit de lundi à mercredi (16 avril), des attaques coordonnés ont visé des établissements pénitentiaires français. Au total, 12 attaques ont été recensées dans différents lieux, dont deux impliquant des tirs à l’arme lourde

Les domiciles de certains agents pénitentiaires ont aussi été la cible de violences, et plusieurs véhicules ont été incendiés sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP).

Les attaques sont signées un groupe utilisant l’acronyme DDPF pour « Défense des droits des prisonniers français ». Ces évènements seraient liés aux récentes annonces du gouvernement concernant la création de deux prisons spéciales pour narcotrafiquants.

Une profession en état d’alerte

Pour les agents pénitentiaires, et notamment les nombreux ultramarins de l’Hexagone, cette situation crée un sentiment anxiogène, après l’attaque mortelle d’un convoi, il y a quelques mois.

Le 14 mai 2024, Mohamed Amra s’évadait au niveau du péage d’Incarville après qu’un commando d’hommes cagoulés tirait sur le fourgon pénitentiaire dans lequel il se trouvait.

Dans ce climat de tension, Steeve (*), un Martiniquais de 28 ans et représentant du personnel pour l’UFAP-Unsa Justice au centre pénitentiaire Sud-Francilien, a témoigné de l’inquiétude qui s’installe :

Il y a ce sentiment d'insécurité qui règne et qui s'est installé. Lorsque les collègues viennent travailler, il faut se dire qu'à tout moment, leur véhicule, mais aussi leur personne, pourraient être atteintes, que ce soit par des incendies comme on l'a vu, mais aussi par des tirs à l'arme lourde. Certains collègues ont peur d'aller travailler, mais j'ai envie de dire que nous avons une conscience professionnelle. Nous sommes conscients du travail que nous effectuons mais on ne pense pas forcément à toutes les choses qui peuvent en découler.

“Nous sommes vulnérables”

Pour les syndicats, ces attaques répétées sont un signal d’alarme. Steeve (*), comme beaucoup de ses collègues, réclame une réaction des autorités :

On demande plus de moyens humains, mais aussi matériels pour notre sécurité au quotidien. Dans un premier temps, la sécurisation des établissements pénitentiaires, des domaines pénitentiaires. Et puis mettre plus de moyens en place, notamment que ce soit pour les transferts, pour les extractions médicales, les extractions judiciaires, mettre en place plus de visio aussi pour éviter justement à nos collègues de se déplacer et d'être vulnérables, puisque quand ils sont sur la route, ils sont vulnérables.

(*) Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé pour des raisons de sécurité.

 


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