Parentalité : un rapport sénatorial pointe de graves inégalités en Outre-Mer
Les Délégations aux Outre-Mer et aux Droits des femmes ont rendu leur rapport sur la parentalité dans nos territoires, ce mardi, au Sénat. Vingt mesures sont préconisées pour adapter les dispositifs aux réalités sociales locales très marquées, notamment par la monoparentalité féminine et la précarité.
"Toutes les difficultés rencontrées dans l'hexagone sont amplifiées en Outre-Mer", le constat de la sénatrice centriste de la Vendée, Annick Billon, l'une des quatre co-rapporteures de ce document (Victoire Jasmin, Stéphane Artano et Elsa Schalck), pose la situation de nos territoires sur cette question de la parentalité.
Après cinq mois de travaux, plus de 120 personnes auditionnées et trois visites de terrain, ces membres des Délégations sénatoriales aux Outre-Mer et aux Droits des Femmes, qui ont conjointement travaillé sur ce dossier, dressent des chiffres alarmants. Il y a plus de deux fois plus de familles monoparentales aux Antilles par rapport à l'hexagone et six fois plus de naissances non reconnues par le père. Par ailleurs, la précarité et l'illétrisme sont trois fois plus marqués dans nos territoires par rapport au national. Des données qui doivent pousser à agir, sans juger, pour Annick Billon.
On dresse un diagnostic et on apporte des réponses adaptées. L'objectif c'est de s'adapter à ces familles monoparentales, car ce sont des choix, avec souvent beaucoup d'enfants.
L'urgence de simplifier
Le rapport préconise vingt mesures. Il y a l'aspect communication et éducation, dès le collège, notamment sur la place du père. Les sénateurs veulent aussi faciliter les opportunités professionnelles ou de formation pour les mères seules. Par ailleurs des investissements sont souhaités, notamment sur les modes de garde ou la mise en place d'Observatoires de la parentalité, comme cela existe déjà à la Réunion. Mais l'une des priorités, c'est l'amélioration et la simplification des dispositifs existants, selon la Guadeloupéenne Victoire Jasmin.
Il y a un taux de non recours au droit trop important. Il est important que nous puissions répondre aux familles, mais aller vers ces familles-là
Le document préconise également de mieux accompagner les acteurs de terrains, en accélérant et adaptant le programme des 1000 premiers jours, et en aidant davantage les lieux d'accueil, mais aussi les associations. Il faut renforcer ce qui fonctionne pour Annick Billon.
Stop aux appels à projets ! Il faut des financements pérennes pour mener de vraies politiques en faveur des familles et de la parentalité.
Traduction politique
Les quatre co-rapporteures n'ont cessé de le marteler lors de la conférence de presse de ce mardi, "il ne faut pas que ce soit juste un rapport de plus !". Le gouvernement a donc reçu les préconisations et toutes ne nécessitent pas de changer la loi. Pour Victoire Jasmin, il y a matière à faire bouger les lignes.
Nous voulons que ce soit réalisé, donc nous avons mis en place des dispositifs réalisables.
Certaines mesures nécessiteront néanmoins des modifications législatives mais la vacance parlementaire approche, alors il faudra sans doute attendre les textes budgétaires de la rentrée parlementaire. Annick Billon veut toutefois y croire.
On va s'en emparer. Il y a différents véhicules législatifs qui peuvent le permettre, comme le PLFSS, le PLF et d'autres textes. Nous sommes déterminés.
La question de la parentalité en Outre-Mer figurera donc à l'agenda gouvernemental en septembre et octobre prochains. Reste à savoir si l'exécutif s'emparera de cette question de justice sociale, qui relève aussi d'une forme de discrimination sexuelle dans nos territoires.